« Te questionnes-tu, soignant ? » – Serial Répétiteur

Nouveau texte des Aboyeurs de Voix, publié le 29 mai 2024 sur leur blog Mediapart.

Désobéir… Pour mieux réfléchir, penser, nos actes et nos pratiques, soignantes, éducatives ou tout simplement humaines. Désobéir est devenu une responsabilité, un devoir, une urgence actuelle. Désobéir c’est faire exister l’essence de nos métiers et réveiller les consciences. N’obéissons pas, Résistons, Pensons !

Te questionnes-tu, soignant, lorsque tu répètes aveuglément un protocole de soins, une prescription médicale, une ordonnance ?

Te questionnes-tu, soignant, lorsque tes actes ne sont plus qu’une litanie d’usine, travail à la chaîne, privés de réflexion, privés de pensée?

Te questionnes-tu, soignant, lorsque tu répètes de façon mécanique, compulsive, stérile les consignes obsolètes, désuètes, désynchronisées, voir archaïques et maltraitantes?

Lorsque tu deviens toi même un soignant « toqué » au sens obsessionnel du trouble.

Lorsque ta pratique s’impose à toi, à ta volonté, comme l’ atavisme que se trimballe l’enfant de parents malveillants.

Te questionnes-tu, soignant, lorsque tes paroles, tes actes, tes réponses aux appels, aux objections, sont collés aux mots anciennement dictés, prescrits, sentencés ?

Te questionnes-tu soignant, lorsque tu baisses la tête, les yeux, les bras ?

Lorsque tu marches sur ton éthique, ta morale, tes valeurs ?

Au profit de la voix plus forte, plus autoritaire, plus menaçante peut être, d’un collègue, d’un supérieur ou d’au-dessus encore ?

Te questionnes-tu, soignant, lorsque tu attaches, « contentionnes », « injectes », enfermes sans consentement ?

Te questionnes-tu sur le sens, le but, la thérapeutique, l’alternative surtout ?

Te questionnes-tu, sur l’Autre, son ressenti, sa détresse, la réactivation de ses traumas, ceux que tu ajoutes et que tu créés, sur la violence de la solitude que cela engendre ?

Te questionnes-tu, soignant, sur ce sentiment de honte qui t’assaille souvent, sentiment d’échec, d’impasse, de non-sens qui gangrène ta pratique et ton âme?

Sur les origines de tes ressentis… la faute à qui?

À ce « parent maltraitant » que tu as toujours connu, cette institution qui t’a toujours fait croire que ces agissements étaient du soin, étaient thérapeutiques.

Qui les banalise.

En enfant sage et discipliné, car n’ayant connu que ça, docilement, naïvement, plein de bonnes volontés… tu as oeuvré, appliqué, banalisé.

Mais ta pensée t’appartient. 

Ton éthique t’est propre.

Elle ne doit dépendre de la volonté d’aucun collègue, aucun supérieur, d’aucune instance.

Elle est à toi, elle est essentielle .

Alors questionnes, toi, eux, nous tous !

Penses, parles, discutes les  » ordres » avant de les appliquer à des humains. À tes pairs.

Questionnes toi sur quel soignant tu voudrais être pour toi même.

Pour ton père, ta fille, ton frère…

Veux tu être un exécuteur ou un penseur du soin ?

Tu n’es pas ce Serial répétiteur.

et d’autres textes dont, leur tribune publiée par l’Humanité : La psychiatrie à bras le corps.

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