Soins psychiques en voie d’exécution

Communiqué de l’USP du 27 septembre 2022 : Soins psychiques en voie d’exécution

Nous le constatons chaque jour sur le terrain : il devient de plus en plus difficile de soigner les personnes en souffrance psychique. Tout est fait pour les maintenir en dehors du soin psychique.
L’inaccessibilité aux consultations en centre médico-psychologique en raison de délais trop longs voire refus de prise en charge (manque de personnel), les consultations aux durées raccourcies, aux fréquences diminuées (manque de personnel), des hospitalisations trop courtes voire refusées (manque de lits) sans alternative qui tienne (manque de personnel), mais aussi l’impossibilité pour les personnels de se consacrer comme il le faudrait, par la présence et l’écoute, aux patients présents, faute de disponibilité psychique (manque de personnel), tout concourt à rendre les soins psychiques impossibles.
Si ces manques empêchent les soins dans le service public, c’est que d’autres choix ont été faits par le président Macron et le ministère de la santé depuis plus de 5 ans.
Le choix de nier la profondeur existentielle de chaque être humain et par là-même la nécessité de temps et de rencontres interhumaines à un sujet souffrant pour aller mieux.
Certes tout ceci coute beaucoup d’argent. Cela ne colle pas à « l’Euro près », qui a succédé au « quoi qu’il en coûte ».
Pourtant le gouvernement a parfaitement conscience de la situation mais n’en cherche de solution qu’économiquement rentable. Les catastrophes individuelles et collectives (sociales, écologiques, internationales) se multiplient, les enfants, adolescents, jeunes adultes vont très mal, se suicident, le niveau d’anxiété de chacun a fortement augmenté, les dépressions sont en forte hausse..
Le gouvernement a choisi sa cible depuis deux ans : les psychologues.
C’est avec eux majoritairement que le travail psychique peut se faire, de façon adaptée à la demande du patient, dans la durée et la profondeur s’il le faut (psychanalyse, psychodynamique, psychothérapie institutionnelle, thérapie familiale…) ou de façon plus pragmatique et courte (thérapies comportementales, EMDR, thérapies contextuelles…)
Au-delà des psychologues, la pluralité des approches proposées par le professionnels du soin psychique est une chance ! Pourquoi la refuser ??
Or depuis plusieurs années déjà, le gouvernement détermine par la loi les contours voire les contenus obligatoires des soins psychiques : de l’éducation thérapeutique de la loi HPST de 2009 aux modalités de prises en charge des enfants présentant des dits troubles neuro-développementaux dans l’arrêté du 10 mars 2021 faisant obligation aux psychologues d’utiliser des méthodes cognitivo-comportementales, jusqu’au forfait MonPsy (8 séances remboursées par la Sécurité sociale mais sous-payées aux psychologues agréés, c’est-à-dire entrant dans les clous des TCC). Sans compter la nouvelle tarification à l’activité introduite en psychiatrie le 1er janvier 2022 qui va forcément infléchir nos pratiques pour faire du chiffre. La pression se fait déjà sentir.
De tels « parcours des soins» pré-déterminés ne sont d’ailleurs plus appelés psychothérapie (quelle offense mais surtout quelle erreur sur ce qu’est une psychothérapie !) mais « accompagnement psychologique ».
Quelle arnaque de penser que les français vont aller mieux avec tout ça !
Alors aujourd’hui l’USP s’insurge contre ces décisions nuisibles.
Outre la défense d’un niveau de vie digne pour tous et contre le gouvernement accentuant la précarité de beaucoup, l’USP se mobilise auprès des psychologues le 29 septembre 2022. Car les psychologues, comme les psychiatres, témoignent et interrogent ce qu’il y a d’humain en chacun de nous. Les bâillonner voire les éliminer revient à considérer l’individu comme une machine à produire, efficace, rentable, au garde à vous et rien de plus.
L’USP appelle avec les psychologues à la manifestation du 29 septembre de défense de l’ensemble des soignants et du service public.

Delphine Glachant, présidente, et le Conseil national de l’USP

Appel à manifester le 29 septembre 2022 avec les psychologues

Communiqué de presse du Printemps de la psychiatrie du 20/09/2022 :

Les psychologues unis dans la lutte !

Le Printemps de la Psychiatrie apporte tout son soutien aux psychologues mobilisés pour défendre leur profession jeudi 29 septembre 2022.
Dès le début Le Printemps de la Psychiatrie s’est engagé à participer, organiser, soutenir tout débat, toute action ou mouvement cohérent avec son Manifeste, avec tous les professionnels, leurs syndicats, les collectifs, les associations de familles et d’usagers, et l’ensemble des citoyens qui souhaiteraient soutenir et développer une psychiatrie et des soins psychiques émancipateurs du sujet.
La Convergence des psychologues en lutte, réunissant près de 40 associations, collectifs ou collèges professionnels, et une intersyndicale large portent des revendications communes. Celles-ci se construisent depuis le 10 mars 2021 quand est paru l’arrêté relatif à la définition de l’expertise spécifique des psychologues exerçant auprès des Plateformes de coordination et orientation, qui réduisent leur intervention aux seules pratiques cognitivo-comportementales.
Il est nuisible et non éthique d’annuler le libre choix de l’approche clinique. L’attaque de cette profession est un des signes majeurs de la précarisation légitimée du soin psychique dans la cité. Elle acte la mise au rancart de l’accueil inconditionnel. Un fait insupportable.

Jeudi 29 septembre, les psychologues se mobilisent en régions et à Paris. Dans la capitale, c’est vers 12h30 aux abords de Denfert-Rochereau (boulevard Saint-Jacques), qu’ils se retrouveront. Ils défileront ensuite, ensemble, derrière une même banderole au sein du cortège interprofessionnel. La manifestation partira de Denfert-Rochereau à 14h. Le Printemps de la Psychiatrie y sera.

printempsdelapsychiatrie@gmail.com

Communiqué de soutien à la lettre des patients d’une UMD

Communiqué Printemps de la psychiatrie du 9/09/ 2022 : Soutien à la lettre écrite par les patients d’une Unité pour Malades Difficiles

Le Printemps de la psychiatrie a pris connaissance de la lettre faite par l’ensemble des patients du pavillon Moreau de l’Unité pour Malades Difficiles de Cadillac en date du 29 aout 2022 intitulée « manque de personnel soignant sur l’unité Moreau, altérant les libertés individuelles ainsi que la qualité des soins ».
Cet écrit adressé aux tutelles et au Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté fait écho aux difficultés majeures et insoutenables que traversent les patients hospitalisés en psychiatrie du fait de manque de personnels et d’équipes instables.
Les dix-huit signataires de cette lettre expliquent l’importance d’un climat de confiance pour des soins portés sur la relation thérapeutique :
« les relations entre personnels et patients doivent être d’être impérativement harmonieuses. Cela se dégrade depuis un certain temps (…) Depuis plusieurs mois, voire des années, nous remarquons, en tant que patients, une diminution importante de notre liberté et d’une prise en charge des soins dégradée (…) Dans l’application des soins médicamenteux et thérapeutiques, nous les patients avons un besoin crucial de garder une équipe soignante stable, qui nous connait, pour une prise en charge de qualité. »
Partout, les discontinuités engendrées par les pénuries de la psychiatrie publique sont devenues la norme. Discontinuité des professionnels à laquelle répond la discontinuité des soins comme les activités et les sorties thérapeutiques, tous ces éléments fondamentaux pour les soins en psychiatrie et particulièrement en unité pour malades difficiles.
Les signataires témoignent que :
« Toutes ces diverses problématiques portent atteintes aux libertés individuelles, nous cloitrant dans un enfermement et avec une prise en charge thérapeutique minimale. »
Le constat des dix-huit patients de cette unité rejoint le vécu trop souvent silencié des dizaines de milliers de personnes hospitalisées en psychiatrie partout en France.
Dans tous les services, les patients se rendent parfaitement compte des conditions de travail exécrables des personnels, des conditions de soins lamentables pour eux. Cela donne souvent lieu à des échanges. Les patients n’osent parfois même plus demander quoi que ce soit, de peur de déranger. Et face à cela, les personnels se sentent coupables de ne plus pouvoir faire leur travail correctement.
Que cela se traduise par un enfermement renforcé ou par une errance dans des lieux inhabités, les psychiatrisés, patients, usagers, sont les premiers témoins et les premières victimes de l’effondrement de la psychiatrie publique.
Car sans mise en question des pénuries organisées et entretenues par les pouvoirs publiques, (pénurie du sens des soins en psychiatrie, pénurie de professionnels, pénurie des savoirs faire avec les troubles psychiques les plus graves) ne reste plus que l’enfermement, les contraintes et les diverses camisoles physiques et chimiques pour les patients les plus en souffrance, celles et ceux qui ne s’adaptent pas aux marchés des applications de la e-santé mentale.
Le Printemps de la psychiatrie donne son plein soutien aux patients de Cadillac et à tous les autres qui souffrent des mêmes situations.
Nous appelons les premiers concernés à faire entendre leur voix, à témoigner de ce qu’ils vivent réellement pour faire contre-point au discours de déni des tutelles et aux pratiques creuses des lobbys dominant de la santé mentale.
Le Printemps de la psychiatrie dénonce ce système de maltraitance généralisée et sa banalisation. Il exige des mesures d’urgence : remédier à la déliquescence de soins psychiatriques dignes et respectueux des psychiatrisés et traiter l’hémorragie des professionnels de la psychiatrie publique.
La prise en compte de la parole des premiers concernés, le renforcement d’équipes pluridisciplinaires formées sont les préalables afin de retrouver une capacité à soigner les personnes en souffrance psychique à partir de leurs besoins fondamentaux et non contre eux.