Argument de l’atelier 7

7 / Une civilisation d’exclusion(s) ?

Si nous pouvons juger du degré de civilisation d’une nation à la façon dont elle traite ses sujets les plus fragiles, aujourd’hui, les dits « exclus » sont enfermés ou laissés à l’abandon : de la prison aux « migrants », de la folie à la rue. Si le sort réservé aux fous et aux étrangers est si actuel et vif, il dit le sort inégalitaire légitimé par la politique d’aujourd’hui qui attend une plus large population. Comment l’analyser tout en luttant pour créer des espaces subversifs et de résistance ?

Nous tenterons d’interroger collectivement les raisons de l’usage du terme « civilisation », de la pluralité des exclusions, mais aussi la formule interrogative qui permet de mettre nos constats et réflexions en débat.
Nous aborderons trois lieux différents en terme de clinique, à savoir les personnes migrantes, la rue, et la prison.

Nous en conviendrons, à première vue, réunir ces pratiques n’est pas une évidence.
La langue, l’origine, la traduction, les lieux, la circulation et l’enfermement pourront évoquer des éléments clés et complexes d’une civilisation en « crise ». Ce qui semble bien plus profond qu’un malaise, le terme de malheur ne nommerait-il pas mieux l’actuel moment social et politique?

Nous pensons proposer le contenu de l’atelier en partant de chaque expérience pratique singulière pour « aller vers » les autres.
Nous pourrons ainsi croiser les actions de terrain et les témoignages de luttes. La dynamique du répondant organisé et improvisé durant les débats aidera à ouvrir une association libérée pour agiter les idées.
Nous pourrons ainsi recentrer la question : Quelles alternatives d’accueil concrètes sont possibles face à un management néolibéral sécuritaire ?
Comment l’atelier, avec ses nécessaires effets d’imprévus, pourra permettre un quelconque surgissement?
Toute rencontre suscite et produit l’émergence de l’inattendu.
Nous construisons des ponts au quotidien entre des lieux diversifiés mais il s’agit aussi de penser pour tisser encore et encore. Il y a, certes, un travail de répétition malheureusement aussi éreintant que nécessaire. Cela reste le fait de l’histoire et le fait de l’expérience.

Nous avons alors besoin de narrativité pour soutenir toute création et re-création, raconter, re-raconter. Si le processus néolibéral abolit le narratif, soutenir la parole et le récit c’est déjà résister, et à nous de voir comment créer collectivement.

Si on ne continue pas, que fait-on ? Le maintien et la création des dispositifs étatiques sont-ils nécessaires ? S’impose-t-il de construire des réseaux alternatifs ? Quelles articulations ? Comment rester et tenir sur ses marges parfois fragiles ?

Laissons-nous enseigner par le récit de ceux qu’on accompagne, c’est là le lieu du politique, à l’endroit où nous ne sommes plus uniquement cliniciens, mais éminemment citoyens « en apprentissage du monde ».

Vendredi 24/05/24 14h30-17h30 :
Sur la prison : Bérénice Vanesson et Sebastien Firpi
Sur la rue : Nicolas Robert et Christophe Baïdi
Animation et discussion Fabienne Orsi et Jean-Pierre Martin

Samedi 25/05/24 9h30-12h :
A propos de la migration et la clinique rue : Équipe MDM Paris
Sur l’accueil des « migrants » dans la Cité d’aujourd’hui : Gilles Aspinas
Animation Sébastien Firpi, et Olivier Jean.