Lettre ouverte du 22 janvier

par les collectifs : Pinel en Lutte, P.P.U., et les Blouses Noires

Lettre ouverte à Madame Buzyn, Ministre de la santé

Madame la Ministre,

Le mépris est le fait de considérer une personne ou un groupe de personnes comme indigne d’attention. La communauté psychiatrique souffre du mépris des dirigeants depuis des dizaines d’années et ce gouvernement dont vous faites partie est tout aussi méprisant que les autres. La psychiatrie est la grande oubliée des différentes politiques de santé et, à trop tirer sur la corde, elle craque… vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous avait pas prévenue.

25% de la population est touchée par la maladie mentale au cours de sa vie, c’est donc la 3ème cause de maladie après les cancers et les maladies cardio –vasculaires. Mais seul 4,1% du budget de la recherche en santé est consacrée à la psychiatrie alors que 14% est consacré à la recherche contre le cancer. Pourtant, les patient.es atteint.es de cancer nécessiteront le plus souvent un soutien psychologique et pourront avoir besoin de se tourner vers des professionnel.les de la santé mentale. Mais qui pourra les recevoir ? Et surtout, dans quelles conditions ?

Continuez à diminuer nos moyens, à dégrader nos conditions de travail, à isoler les familles et à fermer les lieux de soins de proximités qui font le maillage indispensable de notre territoire. Continuez à cacher derrière des murs ceux que vous jugez comme indésirables : le nombre de personnes hospitalisé.es sous contraintes et de détenu.es a explosé ces dernières années.
Votre obsession de la rentabilité ne fait qu’empirer la situation.

100 milliards d’évasion fiscale par an pour 1.5 milliards de déficit des hôpitaux publics ? Il n’y a rien qui vous choque ? Continuez à nous prendre pour des idiots, mais on récolte ce que l’on sème et notre colère ne fait qu’amplifier.

AMIENS, PARIS, ROUEN, CAEN, NIORT, SAINT-ETIENNE, NANTES, ALLONNES, TOULOUSE… Ceci n’est pas une leçon de géographie, mais une liste non exhaustive d’hôpitaux psychiatriques qui se démènent pour redonner sa dimension humaine aux soins et qui n’ont jamais eu l’honneur de votre visite.

C’est pourquoi nous venons à vous aujourd’hui, notre détermination est inaliénable. Nous en appelons aux citoyens, aux familles et aux patients mais à vous aussi, Représentants de l’état et médias.
Le temps de la résignation est révolu depuis longtemps, nous multiplions les appels et les actions depuis des mois pour réanimer ce système de santé dont nous voudrions à nouveau être fiers.

Comment pouvez-vous rester insensible à notre engagement ? Comment pouvez-vous nous laisser nous battre à votre place ? Nous qui sommes mal payés et jamais augmentés et pourtant , qui sommes toujours dévoués et jamais résignés ! Prenez vos responsabilités, et vite.

Pas vraiment cordialement,

Les usagers et soignants du service public de la psychiatrie française.

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