
Argument de l’atelier Formation-Transmission
Comment résister à la réduction et la destruction des formations et continuer à transmettre les savoirs pratiques, tout en ouvrant la voie de la réinvention permanente ?
Formation universitaire, formation continue sur le terrain, pour une meilleure articulation avec les pratiques. (En lien avec les CEMEA)
L’animation de l’atelier, qui a été imaginé de façon hétérogène, témoignera de la transversalité et de son caractère vivant. Éducateurs, formateurs CEMEA, infirmiers, internes en psychiatrie, psychiatres, psychologues, pour certaines enseignantes universitaires, lanceront des questions et des débats en partant d’expériences de terrain ou de points d’actualité. Le tout s’engagera dans un mouvement de type « assemblée générale », afin de favoriser les échanges entre tous les participants.
Les lieux de formation (écoles, instituts, universités, etc.) ont aujourd’hui à répondre au risque d’une uniformisation et d’un cloisonnement de pratiques réduites à des applications technicistes de savoirs et de techniques. À titre d’exemple, les psychologues se soulèvent, au travers de leurs mouvements actuels, contre le formatage de la profession et la volonté étatique d’uniformiser leurs pratiques sur un mode réductionniste. Cela vaut également pour les formations universitaires qui, depuis plusieurs années, se trouvent bouleversées. Les questions posées par ce mouvement cristallisent une crise transversale à tous les métiers du soin psychique. Dans la formation continue aussi, certains mots sont devenus interdits comme le « transfert », voire même la « relation ». La fonction psychothérapique de chacun dans les collectifs soignants a bien du mal à être reconnue et valorisée. Elle demeure, pourtant.
Un petit groupe de jeunes « psychistes » a pris part aux réunions préparatoires, posant des questions transversales que notre groupe de préparation a fait siennes. Notre pratique au quotidien avec les patients et les collègues, autour de la clinique et de l’institution, vient rendre visible « tout ce qui ne va pas de soi » et génère des questions plutôt que des réponses. Nous nous demanderons ce qui nous a servi dans nos formations, mais aussi ce qui nous a manqué. Beaucoup d’éléments nous forment, mais ne font plus partie des programmes « officiels », ou sont directement attaqués, notamment en ce qui concerne les sciences humaines – essentielles. Le plus important demeure la rencontre avec les patients. Dès lors, quelles stratégies mettons-nous en œuvre pour subvertir nos pratiques et, surtout, pour qu’elles demeurent des pratiques soignantes ?
Il nous semble important d’inventer des formes nouvelles de transmission et de préserver celles qui se trouvent mises à mal ; important aussi d’en témoigner : revues, colloques et conférences, groupes de lecture et d’intervision, mais aussi constellations thérapeutiques, clubs soignants-soignés, etc. : cartographier et localiser les combats et les façons de faire, ainsi que les stratégies, qui supposent parfois de ruser avec les modèles suggérés voire avec les normes imposées et protocolisées.
Dans la praxis du quotidien, il est des moments de tension où l’on recule devant nos idéaux, parce qu’il faut composer avec la réalité institutionnelle ou clinique du moment, ou pour d’autres raisons, plus opaques. En effet, comment et dans quels espaces accueillir ce qui nous met mal à l’aise et nous dé-range ? Comment accueillir et entendre quelque chose de nos passages à l’acte et de nos symptômes ?
Si nous accordons foi à notre corpus théorique (qu’il s’agisse de la psychanalyse, de la psychothérapie institutionnelle ou d’autres approches tenant compte elles aussi de la singularité de l’humain comme de la dimension politique de l’accueil), alors, comment actualiser nos praxis et les rendre désirables, en dépit des résistances massives que nous rencontrons ?
Il nous semble important que les Assises soient aussi un espace de transmission des récits cliniques : de la clinique du sujet, du collectif, et de la vie quotidienne.
Enfin, comment la transmission peut-elle être elle-même « accueillante », et ne pas ressembler à une liste des bonnes pratiques moralisatrices ou culpabilisatrices ? Sans doute la transmission tient-elle au fait de partager, d’élaborer la difficulté et le plaisir du travail, ceci en mettant au centre l’embarras et sa traversée, afin de favoriser des transformations, lentes, mais des transformations quand même…
Que les Assises deviennent en soi un lieu de représentation concrète de l’archipel des résistances créatives ou des créations résistantes, afin de lancer de nouveaux élans de désirs collectifs !