Appel de l’U.S.P. (pétition)

Appel : nous, psychiatres en colère, rassemblons nous !

Le 34e congrès de l’USP s’est tenu ces 29 et 30 mars à Besançon. Lors de ce rassemblement, nous avons écouté des ex-grévistes de la faim du Rouvray, des « perchés » du Havre, des militantes de la Psychiatrie parisienne unifiée. Nous avons échangé avec eux longuement et intensément.

La veille, lors d’une réunion-débat, nous avions écouté Charles Piaget, celui qui fut le principal porte-parole de la longue lutte des « Lip », à Besançon, en 1973. Avant-hier comme aujourd’hui, une lutte antihiérarchique est nécessaire et s’impose. Comme Charles Piaget l’a dit de son ton doux en conclusion de nos échanges, nous avons « les mêmes ennemis ». L’auto-organisation est à nouveau à l’ordre du jour, avec l’émancipation sociale comme projet.

Au Rouvray, au Havre, à Amiens, à Niort, à Paris ou à Lyon, la situation qui est faite aux patients hospitalisés est devenue insupportable. Les grévistes de la faim du Rouvray en furent réduits à un engagement de leur corps. Corps qui, pour tous ces soignant.e.s, assignés à un rôle d’exécutant, est en jeu dans les soins du quotidien. Ce sont eux qui nursent, ce sont eux qui piquent, qui vont en « renfort », qui exercent les contentions.

Leur courage exige que nous parlions et agissions, nous aussi.

Nous, psychiatres, sommes ici interpellés quant à notre éthique professionnelle : nous non plus, nous n’acceptons plus que la maltraitance institutionnelle soit la norme dans les services psychiatriques, comme dans les autres lieux de travail.

Nous ne supporterons plus la déshumanisation des soins insidieusement à l’œuvre au travers de la quantité de protocoles à appliquer et d’une nuée de directives, lesquels réduisent nos capacités à penser. C’est l’aboutissement d’un management destructeur et consciemment organisé qui amène les uns et les autres à être sinon directement maltraitants, du moins complices de maltraitance ou indifférents aux maltraitances voisines.

Cela suffit !

Notre travail que nous savons utile, ce savoir-faire dont nous connaissons l’efficacité, sont mis en danger.

Nous, psychiatres, comme tous les autres soignants, nous sommes face à nos responsabilités, plus que jamais, différemment d’auparavant. Nous sommes en colère et déterminés à ne plus nous faire complices par notre silence de cette destruction orchestrée.

La reconquête d’une parole libre, collective, inventive, voilà ce dont les soignants en lutte ont témoigné. De même, dans les années 1970, les années 1968, les ouvriers de « Lip » portèrent cette subversion par la parole qui s’exprimait aussi dans des centaines d’usines, de bureaux, d’universités.

C’est cette parole inventive qui est au cœur même de notre travail, de notre éthique professionnelle, de nos choix de vie. Et nous savons que pour se déployer elle porte en elle une exigence de temps et d’espace. C’est au creux de cette exigence que nous décidons d’ancrer notre lutte.

Nous en appelons à nos consœurs et à nos confrères : si comme nous, vous décidez qu’il est plus que temps de vous engager pour que cessent ces scandales quotidiens que nous vivons, rencontrons-nous, partageons et agissons ensemble. Il nous faut rompre avec l’omerta, il nous faut nous adresser à la population, il nous faut rejoindre les actions du Printemps de la psychiatrie, il nous faut aller sur le chemin ouvert par ceux du Rouvray, du Havre, d’Amiens et tous les autres.

Pascal Boissel (Poitiers), Delphine Glachant (Les Murets), Fanny Rebuffat (Reims)
avec l’accord et le soutien du Conseil national de l’USP

Pour signer cet appel à votre tour : https://www.change.org/p/pascal-boissel-appel-nous-psychiatres-en-col%C3%A8re-rassemblons-nous

Lettre ouverte à Sophie Cluzel

Paris, le 4 avril 2019

Madame Sophie Cluzel,

Secrétariat d’État chargé des Personnes handicapées.

14, avenue Duquesne, 75350 PARIS 07 SP

Madame,

Nous avons pris bonne note de vos déclarations récentes dans les médias, à savoir que la psychiatrie ne devait plus rien avoir à faire avec les personnes en situation d’autisme. « Face à ce spectre de l’autisme très large, il faut que l’on arrête de parler de psychiatrie (…) Avec notre plan, il s’agit de ne plus placer de enfants autistes devant des psychiatres » avez-vous dit sur RMC le 2 avril 2019.

En conséquence, en tant que médecin responsable d’un pôle de psychiatrie adulte de service public qui accueille à ce jour des personnes autistes sans solution du fait de troubles du comportement importants, de difficultés avec l’entourage familial et avec les institutions dans lesquelles elles sont, je tire avec gravité la conséquence de ces déclarations, à savoir que toute nouvelle personne avec autisme qui sera hospitalisée dans le service devrait donc être transférée immédiatement au secrétariat d’État au handicap afin que vous-même et vos équipes trouviez une solution.

 En effet, il n’est pas possible de désavouer publiquement la psychiatrie et de ne pas prendre la mesure de ce que cela implique.

En dépit de ce désaveu qui dure depuis longtemps déjà et dont vous êtes la énième représentante, nous continuons d’œuvrer quotidiennement, dans l’ombre des pratiques, pour prendre soin et accompagner ces personnes et leurs familles qui sont souvent dans une détresse absolue et un désespoir très grand. A ce désaveu, à cette détresse et à ce désespoir s’ajoute le naufrage organisé de la psychiatrie depuis des années.

Il faudrait que la société puisse constater que dans la réalité, l’inclusion n’est qu’un vœu pieu, voire la nouvelle forme d’une exclusion. Toute personne qui ne s’adapte pas au cadre inclusif se voit rejeter des institutions que ce soit l’école, le secteur social et médico-social et maintenant le secteur sanitaire. 

Nous sommes désavoués par ces paroles mais la honte changera un jour de de camp. Ce désaveu ne vous concerne pas dans ses retombées pratiques puisque nous continuons à prendre en charge, comme nous le pouvons, les personnes -toutes les personnes-. Nous avons à cœur d’avoir une hospitalité inconditionnelle et d’ouvrir les portes du service public à tous les publics, personnes autistes comprises si elles en ont besoin. 

Vos déclarations ségrégatives nécessitent que vous preniez, dans la réalité, la mesure de la détresse des familles, des personnes, des professionnels, du manque d’institutions ambulatoires et à temps plein en capacité d’accueillir ces personnes. Que vous preniez également la mesure de la violence brute dont vous êtes la porte-parole. 

Au moment de recevoir dans votre secrétariat d’Etat ces personnes en situation d’autisme qui n’ont rien à faire en psychiatrie, vous auriez donc tout intérêt à leur trouver des solutions avec votre « plan ». A défaut, il s’agira très certainement de non-assistance à personne en danger. 

Nous vous prions d’agréer Madame la secrétaire d’État le sentiment de notre déconsidération.

Dr Mathieu Bellahsen,

Dr Alain Abrieu,

Dr Parviz Denis,

Dr Patrick Chemla,

Dr Pierre Paresys

Professionnels du soin psychique

Parties prenantes du printemps de la psychiatrie

https://printempsdelapsychiatrie.org/

printempsdelapsychiatrie@gmail.com

Screenshot_2019-04-09 « Nous allons changer la donne » Sophie Cluzel présente le plan du gouvernement contre l'autisme sur [...]

Psychiatrie bashing et intérêts privés

Depuis quelque temps dans le champ de l’autisme, une intense communication contre la psychiatrie et la pédo-psychiatrie est déployée par certains membres des gouvernements successifs, par des militants associatifs et largement relayée dans les médias. La psychiatrie serait coupable de tous les maux : incompétence, délais de prise en charge, culpabilisation des mères, non-respect des bonnes pratiques, retard de la France…

De façon étonnante, sans que cela ne soit dit, on constate en parallèle une augmentation incessante des demandes faites aux psychiatres et autres « psys », de la part de personnes autistes et de familles qui pourtant ont bénéficié :

· de dépistages précoces dans des centres de référence ayant abouti à un diagnostic,

· de conseils et de formations au sein de Centres Ressources Autisme (CRA),

· d’évaluations fonctionnelles conformes aux recommandations de bonnes pratiques,

· de dépistages génétiques,

· de suivis somatiques réguliers, généralistes et spécialisés, de bonne qualité,

· de l’application des approches recommandées par la haute autorité de santé (HAS) : thérapies cognitives, méthodes comportementales, techniques de communication, psychomotricité, orthophonie, ergothérapie, programmes neuropsychologiques etc.

· d’accueil dans des institutions appliquant exclusivement les méthodes les plus recommandées : ABA, TEEACH, PECS,

· d’inclusions scolaires en classe ordinaire ou en classe adaptée,

· de tentatives de travail en milieu ordinaire ou adapté.

Ces demandes viennent s’ajouter aux demandes incroyablement nombreuses de personnes autistes sans solution et de leurs familles, qui n’ont pas forcément bénéficié de tout cela.

Que dire des demandes, souvent urgentes, de ces personnes qui surviennent alors qu’elles ne peuvent plus être accueillies à l’école, qu’elles ne peuvent plus continuer leur travail, qu’elles ne sont pas soulagées par une prise en charge somatique adéquate, qu’elles n’adhèrent plus aux approches recommandées ?

Que dire des demandes d’aide pour faire face à des situations difficiles : violence, automutilations graves, errance, tristesse intense, régression des acquis ?

Que penser de certaines de ces personnes et de leurs familles qui demandent de l’écoute, un suivi psychothérapique, un accueil dans une institution qui les aiment telles qu’elles sont, ouverte sur le monde et articulée en permanence avec l’école et le travail, et soutenant leurs possibilités d’auto-détermination ? Car oui, ce genre d’institution existe, et plutôt que de s’en inspirer, cette intense politique de communication les désavoue avec une détermination tenace.

Et pourtant, que dire quand le constat est fait par les premiers intéressés que ce type d’approche, ouverte, aide à avancer dans un certain nombre de cas notamment quand il s’agit de violences que s’inflige la personne, à elle-même et à ses proches, sans rendre systématique la sur-prescription de psychotropes ?

Peut-on, par exemple, se dire que les personnes autistes sont comme tout le monde, qu’elles ne sont pas des robots, que leur idéal de vie n’est pas forcément celui qu’une sorte d’« aristocratie de l’autisme » a décidé à l’avance pour elles ? Qu’elles peuvent avoir besoin, comme tout le monde, qu’on prenne du temps avec elles et qu’on tienne compte leur personnalité propre ?

Les revendications souvent sincères de nombreuses familles et personnes autistes dénoncent des pratiques maltraitantes qu’elles ont rencontrées en psychiatrie, dont on ne peut douter qu’elles soient réelles étant donné l’état d’abandon de la psychiatrie par les politiques successives d’austérité, de manque de moyens et de transformation des pratiques du côté sécuritaire voire carcéral. Ces revendications légitimes rencontrent les intérêts du gouvernement, dont l’orientation politique actuelle est de ne plus financer les institutions de services publics mais de préférer verser des allocations aux personnes pour qu’elles financent des cabinets privés de diagnostic, de formation, d’aide à la personne.

Les seuls moyens que l’Etat veut bien concéder reviennent à des « plateformes », parfois privées, certaines « d’écoute et de services », d’autres « d’orientation et de coordination ». Pas beaucoup plus.

Mais où vont les personnes écoutées et orientées quand il n’y a plus de place en ambulatoire et en institution ? Quand les milieux ordinaire et adapté n’ont déjà plus les moyens d’accueillir efficacement les personnes différentes ? Vers des cabinets privés choisis et désignés par les plateformes ? Vers des programmes de recherche axés sur le cerveau et l’organisme ?

Et quand cela ne fonctionnera pas, leur parlera-t-on de services psychiatriques de haute sécurité (avec le triptyque médicaments, isolement et contention propre à la psychiatrie asilaire) ou de leur délocalisation dans un pays étranger ?

Devons-nous fermer les yeux quand le seul horizon pour de nombreuses personnes autistes est déjà, comme pour de très nombreux adultes qui étaient suivis en psychiatrie en France, une orientation vers des institutions en Belgique, ou simplement leur abandon sans suivi ni soins au domicile si elles en ont un, ou à la rue ?

Pourtant, quelques principes simples pourraient nous sortir de ce très mauvais pas, nous éviter de tirer une croix sur le service public de santé et de laisser le « marché de l’autisme » être livré par l’Etat au privé :

1 : il n’existe pas de recette unique pour les personnes autistes et leur famille ;

2 : en conséquence, le tout-milieu ordinaire, le tout-milieu spécialisé, sont deux absurdités vouées à l’échec ;

3 : une articulation doit en permanence être mise en place entre le milieu spécialisé et le milieu ordinaire, les personnes doivent pouvoir circuler librement entre les deux, en fonction de leurs besoins du moment et des différents moments de leur histoire, sans être fixé définitivement dans l’un ou dans l’autre ;

4 : les institutions, le milieu spécialisé et le milieu ordinaire doivent axer leurs pratiques sur le principe d’auto-détermination des personnes qu’elles accueillent ;

5 : les états d’âme des personnes autistes ont le droit d’être pris en compte comme tout être humain, elles ne se reconnaissent pas toutes dans le modèle actuellement véhiculé de corps-machine à étudier, à discipliner, re-régler ou dans l’image d’Epinal diffusée par les médias de personnes autistes surdouées et dépourvues d’affects ;

6 : les équipes mobiles et plateformes doivent s’occuper, à domicile si besoin, de soin, d’accompagnement, de pédagogie, sur le long cours ; elles ne doivent pas s’occuper uniquement de diagnostic et d’orientation;

7 : l’école doit cesser d’être détruite par les réformes successives, car il est évident que des classes surchargées et des programmes élitistes ne constituent pas un milieu favorable pour des personnes différentes ;

8 : le travail doit cesser d’être détruit par les réformes successives, car les conditions de travail actuelles précaires ne sont pas plus adaptées pour les personnes différentes que pour les personnes ordinaires.

9 : les services de soin doivent cesser d’être soumis aux exigences de rentabilité financière, au management disqualifiant le sens du soin, à l’abandon des publics sous prétexte de mutualisation, de réorganisation, de « fluidification » des parcours. Idem pour le travail social.

10 : les politiques « inclusives » qui sont la mode du temps présent, doivent s’effectuer de façon réaliste et lucide en tenant compte des problèmes liés à la diversité des besoins des personnes différentes. Il faut en finir avec une « inclusion » qui n’est autre qu’une exclusion de l’intérieur où l’on passe d’être exclu de l’école à être exclu par l’école, d’être exclu du travail à être exclu par le travail, d’être exclu des soins à être exclu par les soins.

Ces politiques « inclusives » là n’aboutissent déjà qu’à plus d’abandon, de relégation à la maison voire à la rue, d’enfermement et de maltraitance.

Pour le printemps de la psychiatrie, réhabilitons la notion d’un collectif qui soigne, qui éduque, qui enseigne, qui soutient, à partir du lien humain et de l’ouverture maximale sur le monde.

Le printemps de la psychiatrie

 

9 avril 2019

Semaines De La Folie Ordinaire, à Montreuil

29 / 30 / 31 MARS 2019

La Parole Errante, 9 rue François Debergue – Montreuil – M° Croix de Chavaux (Ligne 9)

« Paroles (extra) ordinaires de la folie errante »

/// Vendredi 29 mars ///

14-18h : Plateau radios avec Roue Libre (Gem de la Vague à l’Ame), Bruits de Couloir (la Trame) Radio-Sans-Nom (Cattp Asnières) et Radio Megalo (Centre Social Autogéré de la Parole Errante Demain). Et la Chorale des Gêneurs (Saint Denis) et …

18h30 : Vernissage de l’exposition collective.

19h30 : Auberge espagnole « Ramenez vos fraises, tartes, gâteaux … » et autres mets …

20h30 : Projection/Rencontre et débat public autour du film Ici et maintenant, les anciens de la CT d’Aubervilliers sur le thème des ressources personnelles en s’appuyant sur l’expérience de rétablissement de personnes touchées par l’addiction avec comme invité.e.s d’ancien.ne.s usager.e.s, résident.e.s de Communautés Thérapeutiques, groupes d’auto-support, professionnel.le.s de santé de multiples disciplines et en présence du réalisateur Jurl. 

/// Samedi 30 mars /// PAROLES (EXTRA) ORDINAIRES DE LA FOLIE ERRANTE

14h30-16h : Plénière

Face à l’E-santé, à la privatisation et à la déshumanisation des soins psychiques, comment résister et lutter pour des pratiques émancipatrices ?

Temps d’échanges ouverts à la parole de tou.te.s, en présence d’acteurs.trices des luttes en cours dans le champ de la psychiatrie et de ses bords.

16h30 – 18h : Ateliers en petit groupe pour s’informer, analyser, créer, rêver, pratiquer, et agrandir en commun la toile de fond de nos combats à venir !

Atelier 1 : L’E-Santé mentale

Des membres du collectif Ecran Total proposeront une réflexion critique à partir des expériences de chacun. Ecran total, qui lutte contre la numérisation de nos vies, s’est créé à la suite du collectif d’éleveurs du Tarn «  Faut pas pucer… mémé dans les ordis ».

Atelier 2 : Formes d’organisations dans les luttes : syndicats, syndiqués, non syndiqués, quelles alliances?

Echanges à partir de témoignages de personnes et de collectifs en lutte dans les secteurs de la psychiatrie et du travail social, en présence de la commission de mobilisation des travailleurs sociaux en lutte d’île de France.

Atelier 3 : Quel avenir pour les Clubs Thérapeutiques et les Associations de secteur psychiatrique à l’heure du « Social Business » et de l’économie sociale et solidaire ? 

En co-animation avec Clément, éducateur spécialisé dans un secteur de pédopsychiatrie et Jean-Baptiste Jobard, coordinateur du Collectif des Associations Citoyennes.

Atelier 4 : Face à la précarité, sortons de l’isolement, luttons pour nos droits, partageons nos ressources !

Dans cet atelier il s’agira entre autre d’échanger autour des difficultés d’accès aux droits, en particulier l’AAH, à travers des exemples individuels et collectifs (permanences juridiques, collectifs de précaires…). 

Atelier 5 : Atelier d’écriture proposé par et pour les patient.e.s, usager.es, psychiatrisé.e.s… Appelons-nous comme nous le voulons !
« La psychiatrie est un vécu pour nous, traumatique ou non. La psychiatrie contraint les corps dans des lieux et les pensées dans des cases. Inventons d’autres lieux, d’autres liens, un soin plus fou encore ! »

Atelier 6 : « Faire Terre »

Atelier 7: fabrication de banderoles, créations de slogans, réalisation de cartes en sérigraphie.

18h : Apéro

19h : « Mer… Si », performance théâtrale écrite et interprétée par Lior (45′)

20h : Repas confectionné et servi par le collectif des Baras – prix libre

21h : Ana & The Folk Songs, Solo folk

22h : « Fest Noz » avec le duo KLP, Bal traditionnel breton

/// Dimanche 31 mars /// PAROLES (EXTRA) ORDINAIRES DE LA FOLIE ERRANTE

Face au discours de la psychiatrie neuro-scientifique, qui fait des maladies mentales des maladies « comme les autres », formule entendue à répétition dans les médias, d’autres conceptions de la « maladie », des humain.e.s et du « soin psychique », sont elles-possible à faire entendre ?

Si le mot psychisme parait plus vaste que le cerveau, c’est parce que les connaissances en la matière (grise !) confirment que… nous ne savons toujours pas grand chose de ce que nous sommes, les humain.e.s ! « Qui » sommes-nous ? – serait-il plus facile à saisir ? En tout cas c’est ce que même un éminent professeur ne peut savoir sans rencontrer son patient !

La primauté accordée à cette dimension relationnelle du soin est aujourd’hui revendiqué par des collectifs de la psychiatrie et du médico-social, de tous les métiers et grades. C’est ce qui a changé la donne dans les médias, et pourrait le faire dans les pratiques… et elles seraient émancipatrices !

En quoi cette idée folle diffère-t-elle de la promesse de rétablissement et même d’empowerment que l’on entend partout, célébrée comme un « nouveau » paradigme du soin ?

Comment cette idée folle est-elle réalisable, au moins de temps en temps ? Ou, ici et là?

Ce deuxième temps des Paroles (extra) ordinaires de la folie errante, sera aussi traversé par les débats des jours précédents, de la veille bien sûr, mais aussi du samedi 23 à la Parole errante.

14 h – 16 h Plénière : Usager.e.s, professionnel.le.s, familles, tout le monde… On en discute !

16 h 30 – 18 h Ateliers en petit groupe pour prolonger un des sujets de la plénière :

Atelier 1 : « La santé mentale, c’est bon pour le capital ! »

Atelier 2 : Le soin entre autonomie et contrainte

Atelier 3 : Discussion à partir de la restitution de l’atelier d’écriture du samedi

Atelier 4 … 5…?  sur proposition pendant la plénière.

Ateliers pour créer, inventer, pratiquer :

Atelier 6 : « Faire Terre »

Atelier 7 : fabrication de banderoles, créations de slogans, réalisation de cartes en sérigraphie.

18h : Apéro avec Chœur de Vénères, Chorale de la Parole Errante 

programme WE SDLFO Paris page1


Texte lu le 21 mars (HumaPsy)

Pour une institution psychiatrique instituée par tous !

Lundi soir, dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Reims à l’occasion des SISM, un professeur de psychiatrie est venu nous annoncer le futur : il nous a présenté un phoque robot, un avatar de psychologue, un robot pour autiste, une application smartphone pour collecter le « phénotype numérique » des patients – toutes ces nouveautés embarquant la fameuse intelligence artificielle qui sera la solution à tous nos maux et la fin de tous nos mots.

Il serait temps de faire appel à de l’intelligence dans la façon d’accueillir les plus faibles, et de refuser qu’on traite la souffrance par la violence !

Ceux qui ne se reconnaissent pas dans « les clochards, les mendiants, les taulards, les fous, les autistes, les déprimés etc.. », ceux pour qui d’autres « ne sont rien » et sont des parasites, transforment la souffrance en violence réactionnelle à l’agression subie lorsqu’on nous maltraite, nous regarde comme des cas, des numéros (qu’ils soient de chambre ou d’écrou), lorsqu’on nous méprise ou nous ignore.

L’intelligence artificielle fait du lien artificiel : on commence par confier le lien affectif des personnes âgées (« une population particulière » nous a dit le professeur) à des peluches robotisées et je ne préfère pas savoir où on finit. Les soignants seraient bornés à nourrir cette pseudo intelligence et à exécuter les tâches qu’elle a prévu pour eux.

Martine Wonner veut moins de psychiatres, elle veut surtout se passer de leur coût : en effet les émoluments des mercenaires comblant les postes vacants dans le public sont prohibitifs.

Elle veut détruire le service public et déléguer des missions de soin  au secteur privé auquel les plus isolés ou pauvres de nos concitoyens n’auront pas accès.

Nous nous battons pour un service public digne, où les responsabilités des soins sont partagées entre tous les professionnels (et non concentrées entre les mains d’un seul psychiatre absent du service), où la contention ne peut plus être mécanique, où l’isolement est réduit au maximum, où le port du pyjama n’est plus d’usage, où on peut se passer de blouse blanche. Nous nous battons pour que les patients soient associés seuls et collectivement à la conduite de leurs soins ainsi qu’à la vie quotidienne de l’institution les accueillants : nous voulons une institution, instituée par tous !

Le Fil conducteur Psy : texte lu le 21 mars

Le Fil conducteur psy réunit des familles, parents et fratries, des patients et des soignants, tous touchés à des places différentes par la maladie psychique et sa prise en charge.

Ce qui nous rassemble : l’expérience de vécus difficiles et douloureux sur les questions de l’accueil, du soin et de l’accompagnement des patients et de ses proches.

Nous faisons œuvre commune pour :

  • faire entendre la spécificité de la maladie psychique,
  • élaborer et formuler des propositions auprès des professionnels de santé et des institutions,
  • défendre une approche plurielle et humaniste de la folie.

La maladie mentale n’est pas une maladie comme les autres. C’est une maladie du lien qui doit être traitée comme telle : soigner, c’est prendre soin du lien.

Dès lors, la psychiatrie ne peut pas être une médecine comme les autres.

Solidaires des luttes engagées par les soignants, enfermés tout comme les patients, leurs familles et proches, dans le cercle d’une violence institutionnelle … Il est urgent de dénouer et déjouer ce cercle de la violence par :

– L’abolition des pratiques de contention et d’isolement

– Le refus de l’enfermement dans les familles

– Le refus de l’enfermement des familles assignées à un rôle d’unique recours en lieu et place des soignants pour le suivi et l’accompagnement tout au long de la maladie

– Le rejet de l’enfermement dans des logiques de réponse uniquement médica… MENTEUSES qui exproprient la parole des patients en tant que sujet, sujet de leur vie.

Texte lu le 21 Mars (U.S.P.)

Pourquoi l’USP s’est engagé dans le Printemps de la psychiatrie ?

Parce que depuis des décennies, ce sont des gestionnaires technocrates qui contrôlent les politiques de santé et nous ont amenés à des restrictions budgétaires qui ont complètement étouffé notre système de santé.

Les budgets de la psychiatrie sont sous-dotés depuis des années, comme si la psychiatrie était une sous-spécialité, comme si les personnes dont elle s’occupe étaient des sous-patients. Comme s’il était possible de prodiguer du soin psychique avec toujours moins de moyens.

Depuis des décennies, les lits d’hospitalisation ont baissé de 60%, ce dont on pourrait se réjouir si des moyens substantiels avaient été mis sur l’ambulatoire, les alternatives à l’hospitalisation,  car l’hôpital n’est pas une fin en soi, bien au contraire.

Oui, le soin psychique coûte cher. Notre outil de travail est la relation. Et pour cela, il faut du personnel et du personnel bien formé. Or ces formations sont bradées, année après année, chaque corps de métier étant petit à petit dépossédé de ses savoirs. Je ne parlerai pas du CES de Psychiatrie pour les médecins car je n’étais pour ainsi dire pas née quand il a été intégré au concours de l’internat. Le diplôme d’infirmier de secteur psychiatrique a disparu en 1992. Depuis quelques années, les cours et les stages de Psychiatrie sont réduits à leur portion congrue. Concernant les futurs psychiatres, plus récemment, la réforme de l’internat de Psychiatrie oblige les internes à faire au moins trois stages de leur cursus dans les CHU. Autrement dit les oblige à se tenir éloignés des centres hospitaliers spécialisés, des hôpitaux psychiatriques, du secteur, lesquels prennent en charge 80% des patients. Tout ça pour mieux leur formater le cerveau à la psychiatrie biologique et comportementaliste, si ce n’est pas les neurosciences.

Depuis des années nous sommes entravés dans notre travail clinique par l’empiètement de la bureaucratie dans le quotidien, les protocoles, les certifications….laissant les personnels de moins en moins disponibles à la relation avec les patients. Nous n’avons plus de temps pour rien. Surtout pas pour penser. Les psychiatres enchainent les entretiens, quand ils en font encore, les infirmiers préparent les médicaments quand ils ne sont pas devant leurs écrans d’ordinateur.

Plus récemment, nous sommes attaqués par des propos dégradants émanant d’organisations comme Fondamental, soutenues par les forces capitalistes qui, au nom de la « science », discréditent le travail effectué au quotidien et dans la durée, auprès des patients les plus vulnérables.

Fondamental, fondation qui œuvre à la remise au travail des personnes qui souffrent de troubles psychiques, car non seulement les soins psychiatriques coûtent cher à la sécurité sociale mais ils coûtent aussi aux entreprises par l’absence des personnes concernées à leur poste de travail ou leur manque de productivité.

Nous en avons assez qu’on nous dicte comment on doit prendre en charge les patients. Ras le bol des cellules qualité. Ras le bol des directives de la DGOS, la dernière en date expliquant comment doit se faire la réhabilitation, à coups de programmes d’éducation thérapeutique, d’entraînement des compétences et des habiletés sociales, etc. tout ça, dans des centres intersectoriels…. comme si les clubs thérapeutiques ne travaillaient pas déjà ces questions-là, sur le secteur, depuis des années. Autre directive, autre ambiance.

L’USP dénonce aussi l’instrumentalisation de la Psychiatrie publique pour servir la politique nationale du gouvernement pour contrôler l’ordre public. Certes, le psychiatre a toujours eu ce rôle ambigu de contrôle de l’ordre social en enfermant les malades « dangereux » pour leur prodiguer des soins, mais le gouvernement voudrait maintenant nous faire collaborer à la dénonciation aux autorités locales des personnes hospitalisées sous contrainte. Le gouvernement a voulu nous faire dénoncer aux autorités préfectorales les étrangers en situation irrégulière à la sortie d’hospitalisation. Et on le sait aussi, dans sa loi asile et immigration de 2018, le gouvernement a largement restreint l’accès aux cartes de séjour pour raison de santé aux étrangers, notamment ceux souffrant de troubles psychiques, et particulièrement les migrants souffrant de troubles post-traumatiques.

En plus de toutes les raisons que j’ai énumérées, L’USP a aussi été très touché par les grèves dures des collectifs soignants dans les hôpitaux, certains allant même jusqu’à mettre leur vie en jeu, pour dénoncer leurs conditions de travail insupportables et la perte de sens de leurs métiers.

Dès l’été dernier, l’USP a contacté un certain nombre de personnes que nous savions concernées par tout cela. Nous avons commencé à nous réunir à l’automne, animés de l’envie de réfléchir ensemble, patients, familles et professionnels, à la manière de sauver le soin psychique, de revaloriser et repenser le travail des collectifs soignants, retrouver la dignité de l’hospitalité.

Au fil des débats, c’est la nécessité d’un Printemps de la Psychiatrie qui a émergé, comme un mouvement de renouveau. Un mouvement pour changer le paysage de la psychiatrie pour ses acteurs : patients, familles et professionnels. Un mouvement qui ne durera pas qu’un Printemps mais va au contraire s’inscrire dans la durée. Parce que nous sommes déterminés à ce que cela change.

 

Politiques insensé(e)s…

Assemblée Nationale, mardi 19 mars 2019. Débat à l’issue de la projection du documentaire de Gérard Miller et Anaïs Feuillette : « La folie à l’abandon », diffusé ce mercredi 20 mars 2019 sur France 3 à 23h50. Propos étranges concernant la psychiatrie.

A l’issue de la projection du documentaire « la folie à l’abandon » faisant un état des lieux de l’abandon des usagers, des familles et des professionnels du soin psychique, Martine Wonner, députée LREM d’Alsace et psychiatre a pu énoncer clairement, distinctement, qu’elle était pour « qu’il y ait moins de psychiatres », pour en finir « avec la toute-puissance psychiatrique », pour réformer le financement de la psychiatrie sur la base de « projets innovants » ; qu’elle était aussi pour lancer une énième Mission parlementaire sur la psychiatrie… Rappelons tout de même que lors de la dernière Mission d’Information sur la Santé Mentale (décembre 2013) conduite par Denys Robiliard, une des propositions était d’en finir avec la somme toujours plus conséquente de rapports sur la psychiatrie… Nombre inversement proportionnel aux décisions cohérentes prises ces vingt dernières années dans le champ de la psychiatrie au sens large (à tous les âges de la vie, sous toutes ces formes de prise en charge : sanitaire, social, médico-social…).

Ainsi donc, cette nouvelle antipsychiatrie gestionnaire se montre à visage découvert et va trouver comme alliés de circonstance les intérêts de lobbys privés en tout genre : firmes, vendeurs de nouvelles panacées, think tank néolibéraux

Dans le même temps, à l’image de la maison de la solidarité des gilets jaunes de Commercy, sont détruits les liens de solidarité qui unissent les citoyens dans les lieux de soin et dans les lieux publics.

C’est contre cette antipsychiatrie gestionnaire que nous nous lèverons demain pour le printemps de la psychiatrie. Contre les psychiatries sécuritaires et normalisantes soumettant toujours plus les psychiatrisés à des pratiques indignes.

Contre le silence entourant les délocalisations toujours plus forcées de populations malades en Belgique. Population malade rebaptisée « handicapées » pour que le scandale soit mieux étouffé. Nous plaçons les personnes malades loin de chez elles, coupées de tout lien de proximité. Les conseils généraux, la sécurité sociale financent ces structures des milliers d’euros par mois pour chaque personne délocalisée, dans l’indifférence…

Depuis de nombreuses années, la mode n’est plus à la construction de structures pouvant accueillir dignement les personnes dans l’Hexagone. La mode est à les mettre à la rue en créant des « équipes mobiles précarité » pour aller vers les personnes malades à la rue. La mode est à créer des services psychiatriques au sein des prisons plutôt que d’empêcher que les personnes malades aillent en prison et qu’elles soient prises en charge plus tôt. La mode est à placer les personnes sans solution dans des hôtels miteux où les marchands de sommeil touchent une grande partie des AAH et des APL des personnes malades. La mode est à tenir des discours anti institution et pro inclusion pour ne pas créer de structures pour les personnes qui en ont réellement besoin.

Toutes ces modes sont à vomir. Elles sont une honte quotidienne. Mais la honte n’est pas endossée par celles et ceux qui la crée. Elle est endossée par les soutiers du quotidien.

Nous n’en pouvons plus de devoir compter, de devoir prioriser, de devoir choisir qui nous pouvons abandonner sans soin, qui nous pouvons laisser crever dehors faute de place, faute de temps, faute de disponibilité, faute de fric.

Cette honte est décuplée, elle se mue en colère, elle se transforme en révolte quand nous entendons, comme hier, autant de bêtises de la part d’élus de la nation… Autant de mots renversés, de concepts retournés qui font toujours plus la part belle aux logiques financières déshumanisantes.

C’est cette haine feutrée, sourde n’acceptant pas de parole contraire, n’acceptant pas d’être contrariée par le réel, cette haine hautaine qui provoque la violence et la colère. Colère pour être du côté de la vie et non de la haine mortifère qui se fait projet politique.

Dernier exemple en date, la ministre de la santé n’est pas contre l’idée d’augmenter encore l’âge du départ en retraite… Dans quel monde vit-elle ? Rencontre-t-elle souvent des gens en recherche d’emploi qui, à 55 ans se font jeter car trop vieux, trop chers, trop peu disruptifs ?

On nous prend vraiment pour des idiots.

Ce que nous vivons est violent. Nous ne nous laisserons pas détruire par les marchands de sommeil politique, par cette antipolitique qui s’exprime partout dans la société, dans le champ de la psychiatrie et ailleurs.

Soulevons-nous collectivement pour mettre un terme au saccage de la société et à ce système qui nous balance des pavés de condescendance dans la gueule tous les jours.

Soulevons-nous pour nos enfants, pour nos vieux, pour tout le monde pour que la honte se retourne et change de camp.

Soulevons-nous pour ne pas, pour ne plus rester à terre.

RDV ce jeudi 21 mars pour le printemps de la psychiatrie

 

Pourquoi le printemps de la psychiatrie ?

L’objectif est de lancer un mouvement large dans le temps sous une forme inédite : usagers, familles, professionnels citoyens intéressés. L’enjeu est d’ouvrir de nouveaux possibles pour le soin, l’accompagnement des personnes ayant des troubles psychiques, à tous les âges de leur vie, dans toutes les structures qu’elles pratiquent : que ce soit des lieux de vie, des structures ambulatoires, qu’elles soient des enfants, des adultes, des personnes âgées.

Le constat est une aggravation progressive et intense des conditions d’accueil, de soins et d’accompagnement des publics concernés depuis une vingtaine d’année avec des effets délétères accélérés depuis dix ans. L’insupportable a germé tout au long de ces années, dans les pratiques de plus en plus contraignantes et sécuritaires.

Pour se passer de la psychiatrie et de la psychiatrisation accrue de la société, encore faudrait-il mettre le paquet sur tous les échelons précédents : créer des liens sociaux forts dans la société, avoir une politique de prévention majeure, accessible et disponible rapidement et facilement. Traiter les problèmes sur les scènes où elles émergent et ne pas rendre les individus responsables de ces problèmes comme ce qu’il se passe actuellement dans le monde du travail.

Métaboliser la colère, le désespoir en luttes micropolitiques dans les pratiques et macropolitique dans la société française.

Il nous faut donc tout penser et tout faire en même temps. La tâche est énorme mais nécessaire : penser à partir des pratiques pour instituer du nouveau. Penser à partir des impasses de la société présente et notamment le premier qui nous concerne tous : le manque de temps.

Le temps est devenu un outil de discipline pour empêcher de penser, pour être dans une urgence permanente, dans une accélération destinée à rattraper les supposés « retards ». Ne sommes-nous pas en avance sur l’absence de sens donné individuellement et collectivement à l’existence ?

Ne sommes-nous pas en avance sur la saturation du temps pris pour ne pas vivre correctement ?

Nos revendications portent sur :

  • Les DROITS INALIENABLES de tout citoyen : à l’égalité, au respect, à la dignité quelque soit la situation sociale, sanitaire, psychique ou politique des personnes.
  • Le TEMPS : avoir le temps de travailler, de bien travailler, de se soigner, de soigner et prendre soin, du souci accordé à autrui. Nous sommes en retard sur le temps à prendre pour vivre et exister sereinement, décemment.
  • Le SENS de ce que sont devenus les soins psychiques, de ce que sont devenus les métiers accueillant la détresse, la souffrance et la maladie. Pour les problèmes humains il faut d’abord et avant tout des humains à qui parler et pas uniquement des techniques.
  • L’IMAGINATION nécessaire qu’il faut mobiliser dans les métiers s’occupant des humains à contrario de l’imaginaire étriqué d’aujourd’hui.
  • Le MODELE DE SOCIETE que nous voulons : une société qui inclut réellement et non pas qui exclut sous prétexte de « politiques inclusives ». Inclusion dans la société ordinaire quand cela est possible, inclusion dans un milieu protégé et dans des institutions réellement accueillantes quand cela est nécessaire.
  • La TRANSPARENCE face aux conflits d’intérêt des lobbys de la santé mentale, des laboratoires pharmaceutiques, des vendeurs de « nouvelles méthodes »
  • La mise en question des INSTITUTIONS, de ce qu’elles deviennent dans ce climat d’étouffement économique, financier, autoritaire, maltraitant.
  • La LANGUE et sa nécessaire adéquation entre les discours et les actes : contre les éléments de langage, pour une pensée complexe qui avance au fur et à mesure des problèmes qui se posent.
  • Les MOYENS nécessaire pour que la relation humaine soit ce qui compte le plus dans les soins.

A poursuivre…

Mathieu Bellahsen

La psy se déchaîne pour le printemps de la psychiatrie!

Printemps de la psychiatrie : Jeudi 21 mars 2019 dès 9h30 au 47 Bd de l’hôpital à Paris.

Un an après les premières mobilisations dans les lieux dévastés par vingt ans de psychiatrie au rabais, de coupes budgétaires et d’abandon des plus fragiles, nous nous retrouvons ensemble, usagers, familles, professionnels, tous les citoyens pour construire la psychiatrie que nous voulons.

Jeudi 21 mars 2019 se tiendra la première mobilisation pour un « printemps de la psychiatrie ». Un an après les premières mobilisations des soignants dans les lieux dévastés par vingt ans de psychiatrie au rabais, de coupes budgétaires et d’abandon des plus fragiles et profit de technologie « new age » pour les plus aptes à se conformer aux normes attendues, nous nous retrouvons ensemble, usagers, familles, professionnels, tous les citoyens pour construire la psychiatrie que nous voulons, psychiatrie au sens large : de l’enfance à la vieillesse, du sanitaire au social.

A l’appel des Pinel en Lutte d’Amiens, la mobilisation nationale du 22 janvier 2019, en plein cœur de l’hiver (et sous la neige), a été une réussite.

Réussite car, pour la première fois, nous avons construit un front large composé d’acteurs de tout bord de la psychiatrie (usagers, familles, professionnels), de tout lieux (Rouen, Le Havre, Amiens, Niort, Saint Etienne, Château Renault, Le Mans, Paris et sa banlieue, Marseille, Lavaur, Besançon, Reims, Caen etc. etc.)

Réussite car c’est au ras des pratiques que nous nous sommes situés : pratiques indignes généralisées (contention, isolement, soins sous contrainte en croissance perpétuelle), pratiques protocolisées et déshumanisantes des usagers et des personnels qui entendent affronter la réalité en l’évitant (cocher des cases plutôt que s’occuper des personnes réellement, faire du dépistage précoce sans penser l’accompagnement au long cours et les soins tardifs…).

Réussite car nous avons liés les questions qui traversent l’ensemble du champ psychiatrique : de l’enfance à la vieillesse en passant par l’âge adulte ; de la maladie au handicap, du sanitaire au social en passant par le médico-social ; du public à l’associatif.

Réussite car l’enjeu se situe au niveau de réinventions concrètes de la psychiatrie avec et par les premiers concernés (usagers et familles) en tenant compte de la spécificité du milieu (rural, urbain, riche, pauvre etc.), de la spécificité des personnes et de la spécificité de la psychiatrie qui n’est ni une médecine comme une autre, ni une pratique tournée uniquement vers l’ordre public ou la normalisation des comportements des plus jeunes aux plus vieux.

Réussite car, depuis dix ans, des luttes ont été menées au sein de la psychiatrie et de la société sans réussir vraiment à s’originer dans ce ce que les uns et les autres vivaient au quotidien.

Réussite car, depuis plusieurs semaines, la société est en train de comprendre les maux profonds que traversent la psychiatrie et n’amalgame plus de façon simplistes les faits tragiques à une population à contrôler, à normaliser, à enfermer voire à abandonner encore plus.

La mobilisation du 3 novembre à Amiens puis du 22 janvier à Paris ont ouvert de nouvelles perspectives au sein de la société : c’est à la santé de tous qu’il faut s’intéresser, dans sa réalité la plus concrète et la plus brute. Le collectif du printemps de la psychiatrie est né dans ce sillage.

Ce ne sont ni les annonces du ministère avec une rallonge budgétaire en forme de cataplasme sur jambe de bois, ni la « mission flash sur le financement de la psychiatrie » -qui veut aggraver la situation en finançant les établissements selon leur degré d’obéissance aux normes technocratiques dictées par la HAS et les ARS-, ni les déclarations d’intention du président de la République qui arrêteront ce mouvement.

Nous ne sommes pas dupes… Car nous sommes au plus près de ces pratiques destructrices qui désagrègent les liens de proximités, la connaissance fine des spécificités de terrain.

Nous ne sommes pas dupes car nous pouvons également être au plus près de ce qui s’invente, de ce qui se crée contre et à partir de cette destruction.

Les écarts toujours plus grands en termes d’accès aux soins se confirment et expliquent aussi les mobilisations des gilets jaunes depuis novembre. Les déserts de services publics et les déserts médicaux prolifèrent à la mesure que des concentrations, des mutualisations, des rationalisations et des « fluidifications ». L’appauvrissement généralisé des populations, en termes financiers mais également en termes de relations humaines, constitue l’une des racines de ces soulèvements.

Nous voyons bien que sous couvert de « virage ambulatoire » c’est au renforcement de l’hospitalo-centrisme que nous assistons. Renforcement d’un hôpital public fait pour traiter l’urgence et la contrainte en abandonnant les plus précaires, les plus pauvres. Renforcement de structures ambulatoires pour normaliser dans le sens du vent actuel : des ordinateurs et des techniques pour les soins plutôt que des humains pour prendre soin. Ce dont témoigne la thématique de cette année pour les semaines d’information en santé mentale (santé mentale et numérique).

Le virage ambulatoire concorde avec l’ouverture de nouveaux marchés pour le privé lucratif, pour les laboratoires et les firmes vendeuses de méthodes toutes faites. Il concorde aussi avec de nouveaux déserts pour les citoyens les plus fragiles, de nouvelles exclusions pour les plus précaires.

Virage ambulatoire oui, mais pas simplement virage financier et de dégraissage.

Loin des « grands débats » cadenassés par la méthodologie officielle du gouvernement, loin des lobbys au service de cette vision des services publiques privatisés, le printemps de la psychiatrie est l’occasion de se mobiliser là où l’on est, d’organiser des forums et des agoras dans les temps à venir.

Le premier forum se tiendra ce jeudi 21 mars à 13h place de la République à l’issue de la manifestation pour lancer cette construction de la psychiatrie, au sens large, que nous voulons. A quoi rêver ? Quel imaginaire créer pour sortir de celui de l’entreprise et de sa rentabilité appliquée aux services publics, au service à la personne ?

La question n’est pas seulement financière, elle n’est pas seulement celle des moyens. Les moyens sont des moyens de faire autrement. C’est à cet autrement que nous devons nous atteler. Autrement, c’est-à-dire sur la base d’une nouvelle trame d’un nouvel imaginaire pour nous toutes et tous et pour la société.

Ce premier forum place de la République se poursuivra deux jours plus tard avec le printemps de la psychiatrie le samedi 23 mars à 14h à la parole errante à Montreuil (9 rue François Debergue) à l’invitation du TRUC (Terrain de Rassemblement pour l’Utilité des Clubs thérapeutiques). Le TRUC reçoit ce jour-là la FEDEXC (la fédération des exceptions) et toutes celles et ceux qui oeuvrent depuis plusieurs mois à rassembler « les exceptions » qui construisent des liens ouverts et stables dans des lieux divers.

Pour la clôture des semaines de la folie ordinaire 2019, un autre temps aura lieu le week-end du 30 et 31 mars, toujours à la parole errante à Montreuil.

Nous appelons l’ensemble des personnes et l’ensemble des lieux qui veulent construire une psychiatrie différente, ouverte et accueillante -plus humaine en sorte- et plus respectueuses des Droits de l’Homme et du Citoyen à se rassembler, à organiser des débats qui ne soient ni « grand » comme ceux du gouvernement, ni « haut » comme se nomment nos tutelles (haute autorité de santé, Haut Commissariat à l’égalité des chances, Haut Commissariat à la Transparence de la vie publique etc.), ni l’œuvre de lobbys comme ceux organisés pour « les états généraux de la santé mentale ». Débats à taille humaine qui soient en prise directes avec les réalités locales : difficultés, impossibilités, nouvelles façons de faire, nouvelles émergences. Débats qui ont à cœur de construire un autrement au-delà du simple constat de cette situation dégradée et catastrophique que nous vivons.

Nous avons pour ambition de créer de nouvelles formes de pratiques sur un autre fond de l’air psychiatrique, moins pollué et plus respirable.

 

RDV jeudi 21 mars à partir de 9h30 devant la statue de Pinel à Paris. Face à la situation actuelle, où la surdité de nos tutelles, les catastrophes quotidiennes, face à ce que nous voulons et aux constructions qui seront nécessaires : déchaînons-nous.

Déchaînons nous car cette situation est violente, indigne, crée du désespoir et de la rage.

Déchaînons nous car cette situation transforme la folie en furie.

Déchaînons nous, enlevons ces chaînes symboliques entre les personnes des différents bords des âges, de la folie, du handicap, de la souffrance…

Enlevons nos chaînes réelles, mentales, psychiques et construisons des fils qui nous relient autrement.

Déchaînons nous à la mesure de ce qu’il nous faut construire pour la suite.

 

Déroulé de la mobilisation:

Venez fleuris ou avec des fleurs à partir de 9h30, 47 boulevard de l’Hôpital (square Marie Curie), Métro Saint Marcel, Paris 13ème.

10h : Opération « Pinel en fleurs »

10h30-11h30 : Interventions pour lancer le printemps de la psy 

12h-13h : Manifestation du boulevard de l’hôpital en passant par Bastille jusqu’à République

13h-15 h : Forum citoyen sur la place de la République

15h-16h : AG à la Bourse du travail