Un très bon communiqué de presse en réaction au rapport « mission d’information sur l’organisation territoriale de la santé mentale » (remis le 18 septembre 2019).
Catégorie : COMMUNIQUES DE PRESSE
Communiqué de soutien aux blouses noires
Communiqué de soutien à la grève des professionnels de Saint-Etienne-du-Rouvray
19 septembre 2019
Le Printemps de la psychiatrie apporte son soutien à la nouvelle mobilisation des professionnels de la psychiatrie publique en grève depuis ce jour à Saint-Etienne-du-Rouvray. En mai 2018, ces professionnels avaient été jusqu’à mettre en jeu leur vie dans une grève de la faim inédite en psychiatrie. Leur lutte avait été le détonateur des soulèvements des secteurs et hôpitaux de la psychiatrie publique partout sur le territoire.
Au terme de leur lutte, ils avaient obtenu des engagements des tutelles et de leur direction pour le recrutement de nouveaux professionnels. Là comme dans d’autres champs de la société, les promesses non tenues deviennent la règle pour les directions et les tutelles, qui sont plus intéressées par leur communication et leurs éléments de langage plutôt que par le traitement réel de la situation.
Les professionnels du Rouvray se retrouvent encore à la place de lanceurs d’alerte de la catastrophe en cours pour les usagers de la psychiatrie publique, les professionnels et tout citoyen. La psychatrie et la pédo-psychiatrie sont prises en tenaille entre d’une part les pénuries de sens, de travail collectif, de financement et d’autre part l’inflation des contraintes physiques (camisoles, isolement), des contraintes managériales (réduire toujours plus le nombre de professionnels) et les contraintes budgétaires des chantres de la rigueur.
Le nouveau soulèvement du Rouvray en appelle d’autres. Dans les suites de l’assemblée générale du collectif inter-urgences, le printemps de la psychiatrie appelle à soutenir les usagers et professionnels du Rouvray ainsi que toutes les initiatives qui ne se contenteraient pas de l’adaptation à cette situation d’effondrement généralisé. Que ce soit en psychiatrie, aux urgences, dans les EHPAD, dans le travail social et plus largement dans le service public de santé.
Lors de la conférence de presse hier pour présenter son rapport, sollicitée au sujet de cette grève, Martine Wonner proposait de « donner toutes les autorisations au privé pour faire du secteur ». Ne laissons pas faire cette politique de destruction massive qui sous couvert de réorganisations entend faire toujours plus de profits.
Communiqué de soutien au collectif de la Mili’tente du CHS G. Marchant à Toulouse
Réunis en assemblée générale à Paris le 22 juin 2019, les membres du Printemps de la Psychiatrie saluent la lutte en cours menée par le collectif de la mili’tente au CHS G. Marchant à Toulouse. Ils leurs apportent leur total soutien et resteront attentifs aux suites données à cette lutte. Par là-même, ils dénoncent la casse de la politique de secteur et l’érosion des moyens du soin en psychiatrie.
page Facebook de l’hôpital Marchant en lutte
Urgences : appel à manifester le 6 juin
Communiqué du Printemps de la psychiatrie
Pour un accueil inconditionnel et digne des personnes aux Urgences
Nous, citoyen.ne.s signataires du Manifeste du Printemps de la psychiatrie «Pour un renouveau des soins psychiques», qui commence par ces mots :
« La psychiatrie et la pédopsychiatrie n’en peuvent plus. Depuis déjà plusieurs décennies, ceux qui les font vivre ne cessent de dénoncer leur désagrégation et de lutter contre le déclin dramatique des façons d’accueillir et de soigner les personnes qui vivent au cours de leur existence une précarité psychique douloureuse. En vain le plus souvent. Ce qui est en crise, c’est notre hospitalité, l’attention primordiale accordée à chacun et à un soin psychique cousu-main, à rebours du traitement prêt-à-porter standardisé qui se veut toujours plus actuel. Les mouvements des hôpitaux du Rouvray, Le Havre, Amiens, Niort, Moisselles, Paris… ont su bousculer l’indifférence médiatique et rendre visible au plus grand nombre le chaos qui guette la psychiatrie. Pour percer le mur du silence, il n’aura fallu rien de moins qu’une grève de la faim … »
– avons apporté notre soutien à la mobilisation des soignants des services d’urgences par le communiqué du 30 avril dernier,
– nous engageons toujours davantage à leurs côtés en rejoignant leur appel à grève et manifestation le 6 juin 2019, relayé par la Fédération Sud Santé sociaux qui a déposé un préavis de grève.
Nous avons pris connaissance de la situation catastrophique des urgences du Centre hospitalier de Lons-le-Saulnier et des réquisitions de personnels que la police vient chercher à toute heure à leur domicile.
La situation aux urgences est le reflet de la déliquescence programmée des services, l’illustration de toutes les insuffisances : le défaut d’accès aux soins de ville, le reste à charge, l’humiliation des « parcours sociaux » réservée aux plus précaires et aux pauvres, le défaut de moyens aux urgences, en psychiatrie et dans les EHPAD, l’attente grandissante, l’épuisement secondaire des équipes.
Faute de formation aux problématiques psychiques, faute d’un nombre suffisant de soignants et donc de temps pour un accueil attentif des personnes en grande souffrance ou en crise, le passage aux urgences se termine pour elles bien trop souvent par la mise sous contention et une hospitalisation sous contrainte, des traumatismes qui pourraient être évités.
La mort d’un patient en mai 2018 à l’Hôpital européen Georges Pompidou à Paris dans des conditions dénoncées par des médecins réanimateurs eux-mêmes est sous le coup d’une omerta de la part de la direction de l’Hôpital et de l’AP-HP (Mediapart, article du 2 juin 2019).
Fusions de services et restructurations génèrent des soins sous haute tension. Chaque site dysfonctionnant devient l’occasion d’une fermeture avec de lourdes conséquences pour les sites voisins.
Comme les soignant.e.s des urgences, nous citoyen.ne.s, exigeons les moyens humains nécessaires pour soigner les personnes et les accueillir dans des conditions dignes, qui respectent leurs droits fondamentaux et, selon une éthique sur laquelle il est impossible de transiger.
Printemps de la psychiatrie, le 4 juin 2019
Rendez-vous à Montparnasse le 6 juin à 13 heures, pour manifester en direction du ministère des Solidarités et de la Santé.
Pétition : Non à l’omerta généralisée !
NON À L’OMERTA GÉNÉRALISÉE !
REFUSONS LA POLITIQUE DE LA PEUR.
Dénoncer la destruction délibérée des services publics, la dégradation des soins, notamment en psychiatrie, mais aussi dans les EHPAD et dans les services d’urgence, fait l’objet d’une répression accrue.
La dénonciation par les salariés de la perte de sens de leur travail et de la maltraitance institutionnalisée n’est pas supportée par les hiérarchies. Ces dernières évoquent un prétendu devoir de réserve ne visant qu’à cacher la dégradation organisée des services publics du sanitaire, du médico-social et du social.
Tous les salariés des services publics sont fragilisés par la disparition programmée déjà en cours des statuts, remplacés par des contrats à durée déterminée ; c’est la loi travail qui s’applique progressivement à tous.
Les travailleurs de la santé sont encouragés à la dénonciation et au fichage des militants blessés (notamment les Gilets Jaunes) au moyen du fichier SI-VIC. Les patients en souffrance (dépression, tentatives de suicide, etc.) font l’objet d’un fichage (HOPSYWEB) dénoncé sans succès par l’ensemble des organisations professionnelles et des associations d’usagers et de familles.
Le Conseil de l’ordre des médecins soutient les employeurs qui portent plainte contre les médecins du travail et d’autres médecins qui ont établi des certificats dans des cas de souffrance au travail. Là encore, on veut faire taire les paroles dissidentes.
Enfin, une véritable censure tend à être rétablie au nom d’une prétendue lutte contre les fake news. Ainsi en va-t-il avec la loi contre la manipulation de l’information, ainsi en va-t-il avec les convocations par la DGSI de plusieurs journalistes dans le but de connaître leurs sources. Pas étonnant que la France soit 32e au classement mondial de la liberté de la presse !
Actuellement, les émissions de service public qui donnent la parole aux lanceurs d’alerte avec un minimum de sécurité sont menacées d’une interruption prochaine. Nous nous opposons à la disparition programmée des émissions d’investigation : Comme un bruit qui court mais aussi Complément d’enquête, Cash investigation…
Manifestement, un des enjeux pour le gouvernement est que la casse des services publics soit organisée en silence ; pour cela, il faut museler les lanceurs d’alerte. C’est une véritable omerta sur les méfaits du libéralisme qui s’installe ! Alors même que le procès des dirigeants de France Telecom a enfin lieu.
Nous ne nous ferons pas complices de cette politique-là en gardant le silence !
La liberté d’expression et de diffusion des idées est une des conditions de l’émancipation !
Printemps de la psychiatrie, le 27 mai 2019
Pour signer cette pétition : https://www.mesopinions.com/petition/sante/omerta-generalisee-refusons-politique-peur/66880
Pour signer la pétition pour le maintien de l’émission Comme un bruit qui court :
Communiqué : Un fichier terrorisant
Communiqué du Printemps de la psychiatrie
« Un fichier terrorisant »
Nous, patients, usagers, psychiatrisés, qui avons été hospitalisés sans notre consentement ;
Nous, soignants, qui avons hospitalisé des personnes sans leur consentement ;
Nous, familles et amis, qui avons été sollicités dans les moments de détresse de nos proches pour rédiger des demandes d’hospitalisation par un « tiers » ;
Nous, toutes et tous, citoyennes et citoyens, sommes indignés, scandalisés du décret du 7 mai 2019 croisant les personnes fichées « S » pour terrorisme (FSPRT) et les personnes fichées « Psy » dans le fichier « HoPsyWeb » car hospitalisées sans consentement.
Depuis mai 2018, en France, toute personne -dépressive, en burn-out, avec des idées suicidaires, avec des idées délirantes- qui nécessite une hospitalisation à laquelle elle ne peut consentir du fait de ses troubles est fichée. Autant dire que, pour tout accident de la vie ayant des conséquences psychiques suffisamment graves, toute personne se trouve inscrite de façon indue dans ce fichier.
Depuis mai 2019, elle est potentiellement considérée comme un terroriste en puissance. Nous dénonçons le renforcement de cet amalgame entre terrorisme et troubles psychiques et mentaux qu’entérine le gouvernement actuel.
Alors que la Ministre de la Santé peut se montrer prompte à être « extrêmement choquée », à féliciter le « sang-froid » des hospitaliers devant « l’inqualifiable » d’événements inexistants à la Pitié Salpêtrière le 1er mai dernier, que penser du silence d’Agnès Buzyn sur ce décret ? Qu’en dit Franck Bellivier le nouveau délégué à la psychiatrie ? Ce silence est inadmissible.
Après le fichage dans le logiciel Si-Vic de l’AP-HP des gilets jaunes blessés, après les violences de l’Etat, après les abus de pouvoir et les mensonges de représentants de l’ordre public, cette nouvelle dérive sécuritaire et stigmatisante ne peut que nous révolter.
Nous appelons l’ensemble des citoyens pour qui la démocratie, les libertés fondamentales, la séparation des pouvoirs, le respect de la vie privée et du secret professionnel ne sont pas des vains mots, à se mobiliser contre ce décret faisant basculer toujours plus notre République vers un État de non droit.
Printemps de la psychiatrie, Mai 2019
printempsdelapsychiatrie@gmail.com
Le décret de la honte
Communiqué du 30 avril 2019
Communiqué : Avec le printemps de la psychiatrie est venu le printemps des urgences et des libertés publiques.
Le printemps de la psychiatrie apporte son soutien et se joint à la mobilisation des services d’urgence partout dans le pays contre la dégradation des conditions d’accueil des patients et de leurs proches. Le printemps de la psychiatrie s’associe à ce combat pour la dignité des personnes en précarité physique, psychique et sociale et pour la dignité de celles et ceux qui les soignent tant au quotidien que dans les situations d’urgence.
Pour la psychiatrie, les services d’urgences sont l’un des dispositifs sous pression du fait de la dégradation des conditions d’accueil et de la non prévention des crises et des pathologies aiguës. Faute de temps, faute de personnels formés, faute de moyens, faute de conception de ce qu’il faut en psychiatrie pour qu’une situation aiguë ne se transforme pas en situation d’urgence, les dispositifs de dernier recours sont toujours plus sollicités.
La déconstruction de réelles pratiques de prévention au profit de pratiques de court terme aggrave l’engorgement des urgences par des personnes ayant des troubles psychologiques ou psychiatriques qui se retrouvent sans soins ou sans assez de soins.
La déconstruction du travail social, des services publics de la petite enfance au grand âge favorise l’arrivée aux urgences de personnes qui auraient pu s’en passer.
L’agressivité ou la violence qui peuvent se présenter aux urgences sont aussi le révélateur de la violence de la société, des décideurs politiques et d’un modèle économique qui abandonnent les personnes ayant des troubles psychiatriques à leur sort, qui abandonnent les équipes tentant de les accompagner dignement au quotidien, qui abandonnent les soignants des urgences les prenant en charge en dernier recours une fois que l’urgence est dépassée.
Cette situation de catastrophe est aggravée par des pratiques de contentions florissantes aux urgences comme a pu le révéler le contrôleur général des lieux de privation de liberté avec sa recommandation en urgence lors d’une visite dans un centre hospitalier.
Là aussi, les contentions sont révélatrices d’un problème structurel : celui l’abandon de la relation interhumaine comme l’une des thérapeutiques essentielles pour toute personne malade.
Par ailleurs, le printemps de la psychiatrie s’indigne de la constitution d’un fichier criminalisant encore plus le mouvement social des gilets jaunes, comme cela a été révélé par le Canard enchaîné.
Dans le champ psychiatrique, nous rappelons que l’ensemble des personnes hospitalisées sous contrainte sont déjà fichées depuis la circulaire Collomb de mai 2018.
Des associations de psychiatrisés (CRPA), la CNIL, des syndicats de professionnels (USP, SPH) et des associations de famille (UNAFAM) se sont mobilisés auprès du conseil d’État pour dénoncer ce fichier, véritable casier psychiatrique assimilant les personnes malades à des potentiels terroristes.
Nous appelons donc à la mobilisation contre tout type de fichage réduisant les libertés publiques à leur portion congrue et faisant des professionnels de santé des auxiliaires d’une politique autoritaire et sécuritaire.
Le printemps de la psychiatrie sera partie prenante des mobilisations du 1er mai 2019 et du 9 mai 2019.
Le Printemps de la Psychiatrie
Manifestation du 1er Mai :
RDV à 13 h au Métro Vavin pour former une cortège « psychiatrie-santé-social »
L’évènement Facebook ici
printempsdelapsychiatrie@gmail.com
La page Facebook du Printemps
Réaction à la nomination de Frank Bellivier
Communiqué du Printemps de la psychiatrie du 11/04/2019
La ministre Agnès Buzyn nomme un psychiatre pyromane pour éteindre l’incendie de la psychiatrie
Alors que les tenants de la psychiatrie de terrain (infirmiers, aide-soignants, psychologues, psychiatres, travailleurs sociaux ), sont dans la rue depuis de longs mois aux côtés d’usagers et de familles, qu’ils se mobilisent, qu’ils font des grèves de la faim (les Blouses noires du Rouvray), des actions à haute portée symbolique (les Perchés du Havre), qu’ils font grève pendant plusieurs mois (les Pinel en lutte d’Amiens, ceux de Niort, Lyon, Saint-Etienne), pour crier leur désespoir face à la destruction du sens profond de leur métier qui est le lien avec les personnes en extrême souffrance, la ministre de la santé vient de nommer comme délégué interministériel à la psychiatrie Frank Bellivier un médecin qui ne se dit même pas psychiatre mais « expert biomédical en psychiatrie / psychologie, neurosciences et comportement ». Ce professeur est, lui, un représentant de la psychiatrie du lobby FondaMental, psychiatrie de laboratoire, dont le lien privilégié dans le travail est celui avec l’industrie pharmaceutique. Un professeur qui ne s’embête pas avec les conflits d’intérêts. N’est-ce pas paradoxal qu’une énorme mobilisation pour le lien relationnel obtienne pour réponse le lien avec les laboratoires pharmaceutiques ?
À un moment où une intense communication contre la psychiatrie se déploie dans les médias et dans la bouche de certains représentants de l’État, on constate, comme d’habitude, que cette anti-psychiatrie est à géométrie variable : elle ne concerne pas les psychiatres attachés à la fondation Fondamental, qui ne connaissent pas le travail relationnel au long cours, le lien profond avec les personnes troublées psychiquement, qui les traitent comme des cobayes pour des recherches statistiques, qui sont liés à l’institut Montaigne (think tank néolibéral créé par Claude Bébéar (AXA) et financé notamment par des laboratoires pharmaceutiques et des assurances) et qui reçoivent des prix Dassault. Ils sont les interlocuteurs souhaités par l’État.
Déjà le 22 janvier, des collectifs d’usagers et de soignants s’indignaient de l’instrumentalisation de la mobilisation des lieux en lutte au profit des tenants de la psychiatrie « fondamental ». Les psychiatres pyromanes étaient déjà invités partout dans les médias pour expliquer que la psychiatrie souffrait simplement d’un problème d’organisation et qu’il suffisait de leur remettre les clés de cette organisation pour en venir à bout.
C’est chose faite avec cette nomination. Elle équivaut à la nomination d’un chercheur travaillant pour Monsanto à un poste de délégué à l’écologie.
Ce « délégué » est en effet le bon choix pour continuer à déployer ce que réclame l’institut Montaigne (qui est aussi à la base de la réforme de l’éducation par le biais de l’association « agir pour l’école » dans laquelle évoluait le ministre Blanquer avant même sa nomination au gouvernement ), c’est-à-dire une destruction du service public de psychiatrie, qui garantit un accueil inconditionnel pour chacun, quel que soit son milieu d’origine et ses ressources, et la promotion dune psychiatrie qui sert les intérêts de cabinets privés ayant des « innovations » à vendre.
Au nom de la déstigmatisation, cette disparition du service public de psychiatrie va générer un renforcement de la ségrégation et de l’abandon des personnes qui ne répondront pas à cette politique « fondée sur la science » alors qu’elle est en réalité fondée sur les intérêts privés de laboratoires et de lobbys. C’est déjà le cas.
Le Printemps de la psychiatrie dénonce la nomination de Frank Bellivier car elle est, pour le monde de la psychiatrie de terrain, illégitime. Cette nomination est malheureusement dans la suite logique des déclarations de Sophie Cluzel concernant le bannissement de la psychiatrie pour les personnes porteuses de troubles du spectre autistique. Dans les deux cas, c’est la psychiatrie relationnelle qui est visée tandis que la psychiatrie des intérêts privés est promue.
Nous réclamons des représentants qui nous représentent vraiment : qui réhabilitent des pratiques fondées sur le lien humain et sur l’autodétermination des personnes, une science dégagée des conflits d’intérêts, et la notion de service public et de solidarité.
printempsdelapsychiatrie@gmail.com
Lettre ouverte à Sophie Cluzel
Paris, le 4 avril 2019
Madame Sophie Cluzel,
Secrétariat d’État chargé des Personnes handicapées.
14, avenue Duquesne, 75350 PARIS 07 SP
Madame,
Nous avons pris bonne note de vos déclarations récentes dans les médias, à savoir que la psychiatrie ne devait plus rien avoir à faire avec les personnes en situation d’autisme. « Face à ce spectre de l’autisme très large, il faut que l’on arrête de parler de psychiatrie (…) Avec notre plan, il s’agit de ne plus placer de enfants autistes devant des psychiatres » avez-vous dit sur RMC le 2 avril 2019.
En conséquence, en tant que médecin responsable d’un pôle de psychiatrie adulte de service public qui accueille à ce jour des personnes autistes sans solution du fait de troubles du comportement importants, de difficultés avec l’entourage familial et avec les institutions dans lesquelles elles sont, je tire avec gravité la conséquence de ces déclarations, à savoir que toute nouvelle personne avec autisme qui sera hospitalisée dans le service devrait donc être transférée immédiatement au secrétariat d’État au handicap afin que vous-même et vos équipes trouviez une solution.
En effet, il n’est pas possible de désavouer publiquement la psychiatrie et de ne pas prendre la mesure de ce que cela implique.
En dépit de ce désaveu qui dure depuis longtemps déjà et dont vous êtes la énième représentante, nous continuons d’œuvrer quotidiennement, dans l’ombre des pratiques, pour prendre soin et accompagner ces personnes et leurs familles qui sont souvent dans une détresse absolue et un désespoir très grand. A ce désaveu, à cette détresse et à ce désespoir s’ajoute le naufrage organisé de la psychiatrie depuis des années.
Il faudrait que la société puisse constater que dans la réalité, l’inclusion n’est qu’un vœu pieu, voire la nouvelle forme d’une exclusion. Toute personne qui ne s’adapte pas au cadre inclusif se voit rejeter des institutions que ce soit l’école, le secteur social et médico-social et maintenant le secteur sanitaire.
Nous sommes désavoués par ces paroles mais la honte changera un jour de de camp. Ce désaveu ne vous concerne pas dans ses retombées pratiques puisque nous continuons à prendre en charge, comme nous le pouvons, les personnes -toutes les personnes-. Nous avons à cœur d’avoir une hospitalité inconditionnelle et d’ouvrir les portes du service public à tous les publics, personnes autistes comprises si elles en ont besoin.
Vos déclarations ségrégatives nécessitent que vous preniez, dans la réalité, la mesure de la détresse des familles, des personnes, des professionnels, du manque d’institutions ambulatoires et à temps plein en capacité d’accueillir ces personnes. Que vous preniez également la mesure de la violence brute dont vous êtes la porte-parole.
Au moment de recevoir dans votre secrétariat d’Etat ces personnes en situation d’autisme qui n’ont rien à faire en psychiatrie, vous auriez donc tout intérêt à leur trouver des solutions avec votre « plan ». A défaut, il s’agira très certainement de non-assistance à personne en danger.
Nous vous prions d’agréer Madame la secrétaire d’État le sentiment de notre déconsidération.
Dr Mathieu Bellahsen,
Dr Alain Abrieu,
Dr Parviz Denis,
Dr Patrick Chemla,
Dr Pierre Paresys
Professionnels du soin psychique
Parties prenantes du printemps de la psychiatrie
https://printempsdelapsychiatrie.org/
printempsdelapsychiatrie@gmail.com