Intervention de Serge Klopp pour le Printemps de la psychiatrie lors de la conférence de presse du 12 février 2020
Après la conception sécuritaire de la psychiatrie mise en place sous Sarkozy, le Printemps de la psychiatrie dénonce aujourd’hui une psychiatrie normalisatrice, déshumanisée, impulsée par le Ministère.
Cela, au travers de soins standardisés, fondés sur la seule approche des neurosciences et d’une caricature du comportementalisme qui s’apparente plus a du conditionnement qu’à du soin.
La prise en compte du psychisme ou de l’environnement social n’étant plus jugés valides par la Haute Autorité de Santé.
La psychiatrie, étant considérée comme une spécialité comme les autres, depuis la Loi Touraine elle intègre le parcours de soins. De ce fait la psychiatrie ne devrait s’occuper que de la crise, le suivi des patients stabilisés relevant des médecins généralistes.
Vu la pénurie de généralistes, chacun mesure l’aberration de cette orientation. Sauf à considérer qu’il s’agit de l’exclusion de la continuité des soins au long cours des plus démunis.
Nous ne sommes pas contre les neurosciences, mais nous demandons le retour à une psychiatrie humaine, fondée sur la prise en compte de la triple dimension biopsychosociale de la personne, au travers d’un soin relationnel.
Ce qui suppose à minima de réintroduire dans les études des infirmiers, des médecins et des psychologues, l’enseignement de la théorie psychanalytique ainsi que l’étude de la sociogenèse des troubles ainsi que la sociothérapie qui en découle.
Suite à la première action du Printemps l’hiver 2019, la Ministre Buzyn avait annoncé 10 millions pour la psychiatrie.
10 millions c’est dérisoire pour le Secteur !
Dans le même temps l’Hôpital du Vinatier dans le Rhône s’est vu retirer 10 millions de son budget.
10 millions c’est énorme pour un établissement !
Cela n’a pas vraiment affecté l’activité de cet établissement pour 2019, mais a creusé son déficit.
Aujourd’hui il s’agit pour le Directeur de résorber ce déficit au travers de mesures drastiques. Les décisions viennent de tomber et elles sont lourdes de conséquence pour les patients !
- Fermeture d’un CMP de pédopsychiatrie, alors que tout le monde connaît les manques dans ce domaine et les délais d’attente insupportables pour un premier rendez vous.
- Des menaces de fermeture sur d’autres CMP, risquant de se transformer en fusions pour récupérer les postes. Ce qui entrainera un éloignement des patients. Alors que l’on sait que la proximité est un gage de la continuité des soins. Là on organise la rupture des soins. Les conséquences de ces ruptures sont connues, elles se traduisent trop souvent par des suicides des patients et parfois par des homicides. C’est scandaleux !
- La fermeture de 2 foyers et d’une unité pour personnes souffrant d’autismes ou se psychoses infantiles vieillissantes. Ces patients sont considérés comme stabilisés mais ne peuvent vivre de manière autonome et n’ont pas pu trouver de structures adaptées en dehors de l’hôpital. Pour l’heure il n’y a aucun projet d’alternative individualisé pour ces patients qui sont les plus vulnérables !
Nous demandons l’arrêt de toutes les fermetures, fusions de structures et la réouverture immédiate des CMP, CATTP, fermés ou fusionnés avec la création des postes nécessaires pour les faire fonctionner.
Nous demandons en priorité l’embauche immédiate de milliers de psychologues pour résorber les listes d’attentes des CMP et améliorer les prises en charge pluridisciplinaires tant en hospitalisation qu’en CATTP.
Ces postes doivent être des créations et non des redéploiement, c’est pourquoi nous demandons un collectif budgétaire pour augmenter l’ONDAM à hauteur des besoins et que l’ONDAM prévu par le PLFSS 2021 en cours d’élaboration prolonge ces augmentations à hauteurs des besoins de la population et non des orientations économiques libérales de Bercy.