Non à la fermeture de l’hôpital de nuit, outil soignant indispensable rattaché au CPR !
Le lundi 18 mai à l’occasion de la réunion hebdomadaire de l’hôpital de nuit du CPR de Senlis, le directeur de pôle annonce brutalement la fermeture immédiate et définitive de cette unité…. pour signer et lire la suite de la pétition.
TEXTE du Collectif Hôpital de Nuit, à l’initiative de la pétition :
Tous les acteurs qui travaillent dans l’éducation spécialisée, s’expriment rarement, quelle que soit leur profession : éducateurs(trices), infirmières psychologues, maîtresses de maison, hommes d’entretien, secrétaires… Ils sont très engagés, passionnés et communiquent peu sur leurs pratiques car ils estiment que le cœur de leur métier est la relation d’aide auprès d’enfants ou d’adultes en souffrance, en perte de repères. Ils soutiennent également les familles.
Pourtant aujourd’hui, nous voulons prendre la parole pour vous faire savoir ce que nous sommes en train de vivre dans notre institution.
Nous travaillons dans le secteur pédopsychiatrique, au sein de l’Association de santé mentale La Nouvelle Forge. L’institution concernée est le CPR (Centre de Psychothérapie et de Rééducation) de Senlis (60) et plus spécifiquement un outil institutionnel de soin qui lui est rattaché : l’hôpital de nuit.
Ce lieu, dont la création remonte à plus de 40 ans, a connu des aménagements au fil des ans, mais reste un lieu fidèle à ses valeurs et solide sur ses fondations.
C’est un lieu unique, historique et ses différences lui permettent de se démarquer des autres propositions de soin offertes par l’association.
Il peut accueillir et accompagner 7 enfants et adolescents présentant différentes problématiques : problèmes d’endormissement, troubles du comportement, soucis d’apprentissages scolaires, problèmes de séparation, troubles du spectre autistique… Nous avons des coléreux, des explosifs, des bruyants, des introvertis, des violents, des agités, des abandonnés, des phobiques…. A cela peut s’ajouter une huitième place pour un enfant ayant besoin de travailler une rupture sur trois semaines (projet d’orientation en internat…)
Ainsi, du lundi au vendredi, 7 enfants par nuit sont accueillis par une équipe composée de 3 professionnels ( 2 éducateurs et/ou infirmier et une maîtresse de maison).
Nous proposons aux jeunes, ce rendez-vous hebdomadaire régulier avec les mêmes enfants et la même équipe thérapeutique. Ensemble nous formons le collectif hôpital de nuit, connu et nommé comme la nuit du lundi, la nuit du mardi…
L’amplitude horaire de ces nuits (de 16h à 9h le lendemain) permet de prendre le temps, de s’approcher des autres à son rythme, de prendre soin de soi, de se réinvestir, se rassurer, gagner en autonomie, bref d’être bien accompagné pour choisir de grandir !
C’est une première expérience d’accompagnement réussie en société, une sorte de « contrat indéterminé » pour apprécier et se rassurer sur le quotidien et goûter à l’imprévu, aux surprises et aux sorties…
Ici on peut dans la même soirée faire une partie de jeu de société ou de baby-foot avec les copains, avoir un temps pour apprendre à cuisiner avec la maîtresse de maison, jouer de la guitare avec un éducateur, parler de son corps qui change avec l’infirmière, sortir en forêt ou au cinéma…
À « la nuit », chacun a un rôle, sa place, son lit. Il y a une vraie vie de groupe, nous formons une tribu où chacun s’entraide, est présent pour l’autre et cela fonctionne. Les échecs sont minces, quasi nuls. Cela est constaté par le personnel soignant, les enfants et leurs familles, les psychologues du CMPP qui nous adressent ces enfants.
Cet hôpital est une maison familiale, au cœur d’un petit village proche de Senlis. À chaque 1ère visite, la surprise s’observe dans le regard des parents et des enfants qui y pénètrent. En passant la grille d’entrée, leurs inquiétudes d’une visite à l’hôpital s’effacent. Car oui, ce lieu de soin est différent, apaisant. Ici pas de blouse blanche, une odeur de gâteau sorti du four pour le goûter vous accueille. Ce n’est pas un internat ni une famille d’accueil. Nous proposons notre aide pour la fin de journée avec repas, nuit, petit déjeuner. Cet espace tiers est proposé une fois par semaine pour avoir un temps repéré, partiel mais continu, pour une séparation courte comme un souffle, un répit pour les enfants, la fratrie, les parents.
Mais mi mai, le bureau de l’association, à la sortie du confinement de la crise sanitaire du Covid, a décidé la fermeture immédiate et définitive de ce lieu, sous couvert de remaniements, d’obsolescences et de coûts élevés du dispositif. Resterons-nous dupes de ces sombres et fallacieuses manœuvres de rentabilité ?
Ce type de décision œuvre-t-il véritablement en faveur des patients et de leur famille ?
L’intelligence de l’être humain est sa faculté d’adaptation à son environnement. C’est sentir, comprendre et accepter la différence chez l’autre. C’est œuvrer ensemble pour offrir un avenir meilleur et équitable à tous.
Nous avons tous foi en l’intérêt de l’existence de l’hôpital de nuit, en son organisation et aux bénéfices de notre travail pour les enfants qui constitueront la société de demain.
Cette fermeture brutale dépossède les familles et les enfants d’un apport positif dans leur accompagnement thérapeutique et les professionnels d’un outil efficace et irremplaçable.
Depuis plus de 40 ans, nombre d’enfants et de parents ont pu vérifier le bien fondé et l’efficacité de cet outil thérapeutique.
Les enfants et les familles qui ont eu l’opportunité de bénéficier de cet accompagnement spécifique, celles dont les enfants utilisent cette structure de soin autant que les familles qui attendaient une inscription de leur enfant dans le dispositif sont dépitées, déçues et parfois en plein désarroi…
C’est pourquoi au nom du Collectif Hôpital de Nuit, nous avons crée une pétition pour soutenir l’ensemble famille/professionnels et peut-être, faire revenir sur leur décision nos administrateurs.