
A l’initiative de l’Appel des appels, du collectif des 39 et du Printemps de la psychiatrie, les « Assises Citoyennes du Soin Psychique » se tiendront à la Bourse du Travail de Paris les 11 et 12 mars 2022 et proposeront un atelier dévolu à l’enfance et l’adolescence en souffrance psychique.
De fait, il est indéniablement constaté une mise à mal de tous les lieux et dispositifs impliqués dans la prise en charge des enfants, à la fois dans le domaine du soin, mais aussi dans les champs scolaires, éducatifs, médicaux, du médico-social, de la justice, de la protection, etc.
De plus en plus, les impératifs éthiques d’accueil, de présence et d’engagement se trouvent démentis au profit de mots d’ordre économiques de réduction des dépenses publiques et de slogans idéologiques, favorisant l’apparition de dispositifs « innovants », hors-sol et plateformisés, sous-tendus par une logique de tri et d’exclusion.
Délais interminables pour obtenir un première consultation…
Prises en charges clairsemées, dont l’efficacité est parfois difficile à saisir…
Sentiment d’être mis à l’écart ou jugé en tant que famille…
Adolescents hospitalisés en services adultes, souvent isolés, parfois attachés…
« Inclusion » scolaire de façade s’interrompant dès que l’enfant manifeste trop bruyamment ses particularités…
Enseignants en souffrance, en arrêt de travail, en burn out …
MDPH notifiant des solutions inexistantes…
Parcours du combattant pour trouver un lieu adapté…
Lieux parfois infantilisants et contrôlants, tout en affichant de paradoxales injonctions à l’autonomie…
Enfants en attente de placement, de familles d’accueil, de soins, subissant des maltraitances dans les lieux censés les protéger, abandonnés dès leurs 18 ans ou 21 ans…
Pénurie de matériel, de personnel, lieux de proximité fermés, financement au rendement…
Nous, professionnels de différents horizons, usagers de la psychiatrie et du médico-social, familles, citoyens, sommes nombreux à souffrir de ce genre d’expérience au contact des services de soin, de la pédopsychiatrie, de l’école, de la protection de l’enfance. Les services publics dédiés à l’enfance sont, par endroits, devenus bien indésirables et difficiles à défendre. Nous n’avons pas le pouvoir de renverser rapidement les politiques successives de privatisation et de paupérisation qui ont mené à cela.
En revanche, nous pouvons tenter d’agir localement, ensemble, dans les lieux et services proches de nous, pour les rendre accueillants et désirables pour tous. Cela, pour certains d’entre nous, nous l’avons expérimenté aussi, avec bonheur.
Concrètement, comment faire des lieux proches de nous des territoires de pratiques en lutte, contre le tri et la hiérarchisation des êtres humains, contre le validisme, pour un accueil et un soutien de chaque personne telle qu’elle est ?
Pour cet atelier, « Urgence de repenser l’enfance en souffrance », il parait donc essentiel d’en revenir aux enjeux concrets rencontrés sur le terrain des pratiques. Dans cette optique, le témoignage, le récit, le partage, constituent déjà des éléments de résistance face aux distorsions du réel et à l’imposition d’un discours managérial ubiquitaire. Commençons par raconter, faire vivre, rappeler, dénoncer, contester, s’indigner, se révolter ensemble, dans l’écoute des particularités et des éprouvés.
Il semble également primordial de faire émerger des aspirations, des élans et des espérances. Notre rencontre, citoyenne et plurielle, se donne pour objectif de bâtir des (contre)-propositions, de définir des actions communes, de relancer des luttes collectives, pas seulement en opposition, mais aussi à travers l’affirmation d’alternatives et de revendications concrètes, basées sur l’expérience des uns et des autres.
En tant que professionnels, acteurs, citoyens, familles, usagers, enfants ou adolescents, impliqués par la question du mal-être infantile, nous nous permettons ainsi de vous solliciter afin de recueillir vos témoignages, doléances, inquiétudes, colères, revendications, propositions, rêves, affirmations, visions, etc. Car, au-delà du mépris contemporain de l’enfance, c’est à travers les mots et les narrations individuelles et collectives que nous puisons l’espoir de ressortir de cet atelier avec des perspectives de transformation.
Merci d’avance de vos réponses libres à ces quelques questions, qui s’adressent à toute personne qui a ou qui a eu, directement ou indirectement, affaire aux services dédiés à l’enfance et à l’adolescence : pédopsychiatrie, médico-social, inclusion scolaire, suivis éducatif ou rééducatifs, protection de l’enfance, justice des enfants.
Pour retrouver l’appel suivi des questionnaires :
Initialement publié sur le blog Mediapart du Docteur B.B.
voir aussi les publications sur le site : « Mobilisation pour une psychiatrie relationnelle et vivante »