Texte lu le 21 mars (HumaPsy)

Pour une institution psychiatrique instituée par tous !

Lundi soir, dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Reims à l’occasion des SISM, un professeur de psychiatrie est venu nous annoncer le futur : il nous a présenté un phoque robot, un avatar de psychologue, un robot pour autiste, une application smartphone pour collecter le « phénotype numérique » des patients – toutes ces nouveautés embarquant la fameuse intelligence artificielle qui sera la solution à tous nos maux et la fin de tous nos mots.

Il serait temps de faire appel à de l’intelligence dans la façon d’accueillir les plus faibles, et de refuser qu’on traite la souffrance par la violence !

Ceux qui ne se reconnaissent pas dans « les clochards, les mendiants, les taulards, les fous, les autistes, les déprimés etc.. », ceux pour qui d’autres « ne sont rien » et sont des parasites, transforment la souffrance en violence réactionnelle à l’agression subie lorsqu’on nous maltraite, nous regarde comme des cas, des numéros (qu’ils soient de chambre ou d’écrou), lorsqu’on nous méprise ou nous ignore.

L’intelligence artificielle fait du lien artificiel : on commence par confier le lien affectif des personnes âgées (« une population particulière » nous a dit le professeur) à des peluches robotisées et je ne préfère pas savoir où on finit. Les soignants seraient bornés à nourrir cette pseudo intelligence et à exécuter les tâches qu’elle a prévu pour eux.

Martine Wonner veut moins de psychiatres, elle veut surtout se passer de leur coût : en effet les émoluments des mercenaires comblant les postes vacants dans le public sont prohibitifs.

Elle veut détruire le service public et déléguer des missions de soin  au secteur privé auquel les plus isolés ou pauvres de nos concitoyens n’auront pas accès.

Nous nous battons pour un service public digne, où les responsabilités des soins sont partagées entre tous les professionnels (et non concentrées entre les mains d’un seul psychiatre absent du service), où la contention ne peut plus être mécanique, où l’isolement est réduit au maximum, où le port du pyjama n’est plus d’usage, où on peut se passer de blouse blanche. Nous nous battons pour que les patients soient associés seuls et collectivement à la conduite de leurs soins ainsi qu’à la vie quotidienne de l’institution les accueillants : nous voulons une institution, instituée par tous !

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